Les femmes qui ont pris la pilule jeunes ont 130 % de risque de plus de faire une dépression

Les femmes qui utilisent des pilules contraceptives combinées courent un plus grand risque de développer une dépression que les autres. Selon l’une des études les plus importantes à ce jour, qui suit plus de 260 000 femmes de la naissance à la ménopause, ce risque est pire pour celles qui ont commencé à l’adolescence.

« Les pilules contraceptives permettent aux femmes d’éviter les grossesses non désirées et peuvent également prévenir les maladies qui touchent les femmes, notamment le cancer de l’ovaire et le cancer de l’utérus. Cependant, certaines femmes peuvent présenter un risque accru de dépression après avoir commencé à utiliser des pilules contraceptives », avertit Therese Johansson du département d’immunologie, de génétique et de pathologie de l’université d’Uppsala (Suède), coauteure d’une nouvelle étude.

Publiée dans la revue Epidemiology and Psychiatric Sciences, la recherche porte sur le lien entre l’utilisation d’une pilule contraceptive orale (CO) combinée (œstrogènes et progestatifs) et le risque de dépression. Les chiffres sont alarmants : au cours des deux premières années d’utilisation, les pilules CO augmentent ce risque de 73 % par rapport aux femmes n’en ayant jamais utilisé. Selon l’étude, les femmes qui ont commencé à utiliser ces pilules à l’adolescence présentaient une incidence de symptômes dépressifs 130 % plus élevée, tandis que l’augmentation correspondante chez les utilisatrices adultes était tout de même de 92 %.

Le problème des recherches antérieures
Le sujet n’est pas nouveau puisque de nombreuses études à grande échelle ont exploré l’association entre l’utilisation de contraceptifs hormonaux et la dépression. Mais ces recherches ont abouti à des résultats incohérents, sûrement parce que les femmes qui ont arrêté la prise de CO en raison de changements d’humeur ou de dépression n’ont pas été prises en compte dans ces études — d’où un biais « d’utilisateur sain ».

Par exemple, une étude portant sur 740 000 femmes suédoises a révélé que les CO combinées étaient associées à un risque plus faible de dépression lorsque les utilisatrices actuelles étaient comparées aux non-utilisatrices — jamais et anciennes utilisatrices. Toutefois, lorsque les femmes n’ayant jamais utilisé de contraceptifs oraux étaient utilisées comme groupe de référence, cette association n’était plus significative.

C’est pour cela que la présente étude a été conçue pour estimer à la fois le taux d’incidence de la dépression associé à la première utilisation d’une pilule CO, mais aussi le risque « à vie » associé à l’utilisation de CO. Il s’agit d’une vaste recherche qui a suivi plus de 260 000 femmes de la UK Biobank, de la naissance à la ménopause.

On estime que 151 millions de femmes en âge de procréer utilisent des contraceptifs hormonaux oraux. © JPC-PROD, Fotolia

Les deux premières années d’utilisation de la pilule augmentent le risque de dépression

Les chercheurs suédois ont recueilli des données sur l’utilisation de la pilule contraceptive par les femmes, le moment où elles ont été diagnostiquées pour la première fois comme souffrant de dépression et le moment où elles ont ressenti pour la première fois des symptômes de dépression sans avoir été diagnostiquées.

“Cette forte influence des pilules sur les adolescentes pourrait être attribuée aux changements hormonaux provoqués par la puberté.”

« Nos résultats suggèrent que l’utilisation de CO, en particulier au cours des deux premières années, augmente le risque de dépression, écrivent les auteurs. Bien que le risque ne soit pas aussi prononcé au-delà des deux premières années, l’utilisation de CO au cours de la vie était toujours associée à un risque accru de dépression au cours de la vie. En outre, l’utilisation de CO pendant l’adolescence pourrait augmenter le risque de dépression plus tard dans la vie. » Cette forte influence des pilules sur les adolescentes pourrait être attribuée aux changements hormonaux provoqués par la puberté.

Mieux informer les femmes sur les risques
Bien que l’étude observationnelle ne puisse pas à elle seule prouver de lien de cause à effet, l’examen de facteurs de confusion dans la fratrie — comme une dépression dans la famille — fournit des preuves en ce sens.

Les chercheurs souhaitent que leurs résultats servent à mieux informer les femmes de l’effet secondaire potentiel qu’est la dépression. Ils prévoient maintenant d’examiner d’autres formulations de contraception (mini-pilules, patchs contraceptifs, spirales hormonales, anneaux vaginaux ou bâtonnets contraceptifs), dans le but de « donner aux femmes encore plus d’informations pour les aider à prendre des décisions éclairées sur leurs options contraceptives ».

futura

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