Espagne : une femme meurt dans un centre d’appel, ses collègues poursuivent leur travail

Alors que leur collègue venait de faire une crise cardiaque, des employés, pourtant invités à rentrer chez eux, ont pris des appels pendant plusieurs heures.

Un cadavre au milieu d’un open space et, à quelques mètres, des employés qui poursuivent leur travail. C’est la scène qu’ont racontée des témoins à plusieurs médias espagnols, dont El Pais. Lundi 19 juin, dans les locaux de la multinaitonale Konecta à Madrid, une firme spécialisée dans les centres d’appels téléphoniques, une employée à fait un malaise cardiaque et s’est effondrée à côté de son bureau.

Les secours sont intervenus rapidement mais n’ont pas pu la réanimer. Mais c’est la réaction de certains de ses collègues qui a suscité l’émoi des Espagnols.

Il est environ 12h30 lorsque Irma, 57 ans, est victime d’un malaise cardiaque, au beau milieu d’un open space de 70 postes. Si certains de ses voisins sautent sur leurs pieds et paraissent logiquement troublés par le drame, d’autres, à en croire des témoins, « ne lèvent même pas les yeux ». Selon la CGT, un employé choqué aurait alors demandé à rentrer chez lui, mais ce serait vu refuser la faveur par sa hiérarchie.

La cadavre gisait toujours sur le sol
Ce n’est qu’à 14h, plus d’une heure après le décès d’Irma, qu’une responsable du groupe Konecta arrive sur place et ordonne aux employés de rentrer chez eux. Pourtant, lorsque Miguel Ángel Salinas, délégué CGT à la prévention des risques professionnels, arrive sur place à 15H10, soit plus de deux heures après le décès, il trouve encore quatre employés en train de travailler dans l’open space. Le cadavre recouvert d’Irma gît toujours sur le sol. Lorsque le délégué syndical interroge un des individus encore en poste, celui-ci lui répond : « Je finis ça et je m’en vais ».

« Personne n’a été forcé de travailler à côté du cadavre », assure pourtant une porte-parole de Konecta, interrogée sur l’étrange épisode. Mais pour la CGT, les employés restés sur place ont agi par « inertie, habitués à un système de travail automatisé et déshumanisé où l’option instinctive est de continuer à prendre les appels ».

lepoint

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