En bon visionnaire, Aliko Dangoté vient de montrer le chemin aux pays africains en vue de devenir un poids économique et financier important au plan mondial. A l’occasion de l’Assemblée annuelle de la banque panafricaine d’Import-Export (Afreximbank) à Accra, l’homme d’affaires nigérian a plaidé pour la suppression des visas pour passer d’un pays africain à un autre.
Il porte ainsi un grief contre les dirigeants qui conditionnent l’entrée des personnes et des biens dans des pays à l’obtention de visas, ce qui est contraire aux recommandations de l’Union Africaine. « J’ai le passeport de l’Union Africaine mais tous les pays ne l’acceptent pas encore », a-t-il indiqué. Il s’agit là d’une méconnaissance des textes ou un refus délibéré de s’aligner sur les exigences de l’instance continentale et même des instances régionales, telles que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) et autres.
Evidemment, l’Afrique a hérité d’une balkanisation qui la fragilise depuis des décennies, et l’empêche de se construire un bel avenir. Ne dit-on pas que le diable se manifeste dans un environnement où règne la division ? Voilà donc le fameux ‘’diviser pour régner’’. Autrement dit, l’imposition des visas est un mécanisme qui entretient cette division. Et jusqu’ici, les dirigeants africains, enveloppés par leur ego, ne perçoivent pas les conséquences d’une telle situation.
En cette ère où la mondialisation bat son plein, il est capital pour tous les pays de s’ouvrir au monde. Mais sous nos cieux, nos dirigeants ont transposé leurs barrières mentales dans le réel en empêchant leur propre développement. Mieux, les gens plus avertis savent que le numérique a supprimé les frontières. Inutile donc d’ériger des boucliers ‘’visas’’ entre pays africains. Tenez ! Un voyage du Cameroun pour l’Ouganda coûte environ 2 millions Fcfa. Pourtant, ce sont deux pays membres de la zone Cemac. En clair, une bêtise grotesque qui ne profite à personne.
« L’occident ne viendra pas développer notre propre économie, nous devons donc le faire. Nous devons nous assurer que la ZLECAF fonctionne », a averti le Nigérian dans un panel intitulé « Créer la prospérité par l’industrialisation ».
Prendre exemple sur l’Europe
Pendant que les pays africains vivent en autarcie, ceux de l’occident ont opté, depuis de nombreuses années déjà, pour la libre circulation des personnes. Avec le visa Schengen, même les Africains peuvent circuler et sortir librement et dans n’importe quel pays membre. Mieux, il n’y a pas de contrôles aux frontières dans l’espace Schengen. En clair, ces pays ont développé une certaine confiance entre eux, ciment des relations bilatérales et multilatérales.
Plus loin, le tourisme est un secteur prioritaire, qui rapporte des milliards d’Euros à ces pays. Mieux, l’Autriche qui a basé son économie sur le tourisme n’a de choix que de s’ouvrir aux autres pays. De ce point de vue, les dirigeants africains doivent prendre de la hauteur, harmoniser leurs points de vue, et ériger ce climat de confiance et de solidarité.
En dehors de l’aspect touristique, la suppression des visas entre pays africains permettra d’évacuer librement leurs familles des pays à risque en peu de temps, d’emprunter la voie menant à de meilleures possibilités d’éducation, de protéger leurs carrières contre l’incertitude de l’avenir, de jouir d’une plus grande liberté pour faire des affaires, d’accéder à de nouveaux marchés et profiter d’une efficacité fiscale et d’une planification de la retraite.
Quelques exceptions
Malgré l’image sombre que projette le continent, quelques pays font exception à la règle et épousent ainsi la proposition d’Aliko Dangoté. Il s’agit entre autres du Rwanda et de l’Afrique du Sud. Le cas le plus frappant est celui du Bénin. Avec son gouvernement, le Président Patrice Talon, dans un esprit futuriste, a procédé à la suppression de visas avec une dizaine de pays africains et une trentaine de pays dans le monde.
C’est assez éloquent, au regard de l’ambition de l’homme pour son pays. Sans risque de se tromper, le Bénin est considéré, aujourd’hui comme le centre de la terre, l’attraction du monde entier. La statue de l’amazone, les trésors royaux, le plus long graffiti du monde, le temple des pythons, le Complexe touristique Agoualand, le village d’Agongointo, les divers parcs animaux, les Tata Somba et d’autres sites encore deviennent de plus en plus irrésistibles. En témoignent les nombreux hôtels toujours remplis, le développement des appartements meublés, les restaurants qui poussent comme des champignons, etc…
Indirectement, le gouvernement de la rupture tisse une nouvelle économie à partir du tourisme. Cette ouverture porte déjà ses fruits. Mais s’arrêter en si bon chemin ne fait que ralentir son élan. Il urge de communiquer cette dynamique aux autres pays africains pour un continent plus soudé.
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