Quelque part à l’intersection de l’argent et du climat se trouvent plus de 600 millions d’Africains qui n’ont pas accès à l’électricité, 890 millions d’Africains qui ne disposent pas de méthodes de cuisson propres, des dizaines de nations africaines qui dépendent des hydrocarbures pour financer à peu près tous les services qu’elles fournissent, et le développement industriel africain qui ne peut pas avancer s’il n’est pas alimenté par des combustibles fossiles.
Pourtant, cette semaine, les hommes politiques, les experts bancaires, les dirigeants de groupes de la société civile et d’autres personnes qui se réunissent à cette intersection – lors d’un événement de deux jours organisé par le président français Emmanuel Macron et intitulé « Sommet pour un nouveau pacte mondial de financement » – proposent un ordre du jour qui semble mettre en veilleuse le financement des projets de gaz naturel en Afrique, la solution présumée à de nombreux problèmes de pauvreté du continent, sans mauvais jeu de mots.
Le sommet de Paris a été conçu pour jeter les bases « d’un nouveau système financier adapté aux défis communs du XXIe siècle, tels que la lutte contre les inégalités, le changement climatique et la protection de la biodiversité ». Bien que les participants au sommet ne soient pas arrivés avec une vision exacte de ce à quoi ressemblerait un nouveau système financier, leurs discussions s’articulent autour de quatre piliers :
Rétablir une marge de manœuvre budgétaire pour les pays confrontés à des difficultés à court terme, en particulier les pays les plus endettés.
Favoriser le développement du secteur privé dans les pays à faible revenu.
Encourager les investissements dans les infrastructures « vertes » pour la transition énergétique dans les pays émergents et en développement.
Mobiliser des financements innovants pour les pays vulnérables au changement climatique.
La vérité est que nous avons besoin d’un nouveau système financier mondial. Ce n’est un secret pour personne que les pays pauvres ont plus de difficultés que les pays riches à obtenir des financements pour des projets de développement qui soutiennent la croissance économique et sociale, et quand ils y parviennent, le coût de l’argent est considérablement plus élevé, voire stupéfiant dans certains cas.
Il n’est pas rare que les pays riches empruntent des capitaux à des taux d’intérêt aussi bas que 1 % ; pour un pays pauvre dont la solvabilité est risquée, le chiffre se situe plutôt autour de 14 %. Depuis le début de la pandémie, la situation s’est encore aggravée. La dette mondiale a fortement augmenté et, du fait de ces emprunts supplémentaires, les pays en développement et les pays à faible revenu ont de plus en plus de mal à rembourser leurs dettes.
En conséquence, ces pays sont entrés dans un cercle vicieux de vulnérabilité, incapables de développer leur économie ou, comme l’ont souligné les Nations unies et les participants au sommet, d’atteindre leurs objectifs de développement durable (ODD). Être en mesure d’uniformiser les règles du jeu et de créer de nouvelles sources de financement est un objectif honorable et peut-être trop tardif.
Par ailleurs, les pays en développement ont besoin d’investissements dans les infrastructures vertes. Les pays africains en ont besoin – et l’accueillent favorablement.
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