Soigner la dépression par des hallucinogènes

Une équipe de chercheurs finlandais vient de démontrer en laboratoire les puissants effets antidépresseurs de drogues comme le LSD.

Ces dernières années, une attention toute particulière s’est portée sur la potentialité de pouvoir, à l’aide de drogues psychédéliques telles que le LSD ou la psilocybine – le principe actif des champignons hallucinogènes -, traiter certaines maladies psychiatriques. Et notamment la dépression qui a explosé au niveau mondial durant cette dernière décennie, particulièrement chez les plus jeunes, s’il faut en croire une étude de 2020.

Le récepteur TrkB ciblé
Eero Castrén et ses collègues de l’Université d’Helsinki (Finlande) viennent de publier dans Nature Neuroscience une étude fondamentale démontrant où agissent ces composés sur le cerveau, ouvrant la voie à des traitements psychiatriques prometteurs. En effet, les chercheurs ont montré en laboratoire que des neurones réagissaient fortement en présence de LSD et de psilocybine, ces derniers activant un récepteur spécifique, le TrkB.

Celui-ci apparaît être un acteur essentiel dans certaines affections psychiatriques ou neurologiques. Ainsi, la même équipe avait montré dans une précédente étude que les antidépresseurs conventionnels, comme la fluoxetine ou l’imipramine, se liaient à ce récepteur, déclenchant alors une cascade de réactions conduisant à une augmentation de la neuroplasticité et des connexions entre neurones, des éléments thérapeutiques clé pour le traitement de la dépression.

Or, avec la présente étude il s’avère que le LSD et la psilocybine ont une affinité incomparablement plus forte avec ce récepteur, plus de mille fois supérieure aux antidépresseurs classiques ! Testée sur une souris modèle pour le stress chronique, une simple dose de LSD a semblé calmer l’animal et lui procurer un effet antidépresseur.

Des antidépresseurs d’un nouveau genre
Reste désormais un écueil : éviter les hallucinations causées par ces drogues. Il semble toutefois que le lien fort qui s’établit entre le récepteur TrkB et le LSD ou la psilocybine se fasse indépendamment des récepteurs à la sérotonine impliqués dans les effets hallucinogènes et que ces derniers puissent être dissociés de leurs effets antidépresseurs.

En ciblant spécifiquement TrkB avec des composés inspirés du LSD ou de la psilocybine, les chercheurs espèrent parvenir à mettre au point des antidépresseurs d’un nouveau genre, plus efficace et à très longue durée.

AFP

You may like