DAVID DIOP, PREMIER FRANÇAIS À REMPORTER LE PRESTIGIEUX BOOKER PRIZE INTERNATIONAL POUR « FRÈRE D’ÂME »

Le roman français « Frère d’âme » a remporté mercredi 2 juin la version internationale du prestigieux prix littéraire britannique Booker Prize, qui récompense à la fois son auteur David Diop et sa traductrice britannique Anna Moschovakis.

David Diop, 55 ans, est ainsi devenu le premier auteur français à remporter ce prix, décerné aux livres étrangers traduits et publiés dans l’année au Royaume-Uni ou en Irlande. « Je suis extrêmement heureux d’avoir gagné, cela montre bien que la littérature n’a pas de frontière », a déclaré le romancier à l’AFP. « Frère d’âme », publié en aout 2018 avait déjà été couronné de succès et avait notamment reçu le prix Goncourt des lycéens.

Le récit poignant a donc su se détacher des 125 livres en compétition et a rafflé la mise contre cinq autres finalistes : l’Argentine Mariana Enriquez, le Chilien Benjamin Labatut, la Danoise Olga Ravn, la Russe Maria Stepanova et le Français Éric Vuillard.

La traductrice Anna Moschovakis, par ailleurs poétesse reconnue, partage donc avec David Diop cette prestigieuse récompense. Ils sont donc deux à toucher les 58.000 € du prix, l’un des seuls à récompenser le rôle majeur des traducteurs. « Je trouve magnifique que la traduction ait permis à la charge émotionnelle qui a touché les lecteurs français d’être prolongée dans le monde anglophone », a précisé l’écrivain à l’agence de presse.

RÉCIT POIGNANT

Ce deuxième roman de David Diop, né à Paris et élevé au Sénégal et dont l’arrière-grand-père s’est battu pendant la Grande Guerre, peut se lire comme un hommage aux combattants de ce conflit, et notamment aux 200.000 Africains ayant combattu dans l’armée française.

Le narrateur, Alfa Ndiaye, est un tirailleur sénégalais. Lors d’un assaut, son compagnon d’arme et ami d’enfance est grièvement blessé. Il supplie son ami de l’achever mais celui-ci ne peut s’y résoudre. Le livre raconte la tentative de rachat d’Alfa Ndiaye à l’égard de son compagnon, mort dans d’effroyables souffrances.

LES MEMBRES DU JURY ÉPOUSTOUFLÉS

Bien que la « spécificité du contexte » dans lequel se déroule le récit parle plus aux lecteurs francophones, Anna Moschovakis estime que les « questions de la domination fondée sur la race et de la violence coloniale, qui existent partout dans le monde », ont su parler au jury anglophone.

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« Cette histoire de guerre, d’amour et de folie a un pouvoir terrifiant », a estimé dans un communiqué la présidente du jury, Lucy Hughes-Hallett, expliquant que la « prose incantatoire et la vision sombre mais brillante » du roman avait « jeté un sort » à tous les membres du jury, « époustouflés ».

Devant l’impossibilité de traduire le jeu de mots dans le titre français, Anna Moschovakis a intitulé la version anglaise « At Night All Blood is Black » (« La nuit tous les sangs sont noirs »). Cette phrase, tirée d’un des premiers chapitres du roman, avait, selon l’auteur, déjà été évoquée comme titre potentiel avant sa publication en 2018. Le romancier le trouve « tout à fait intéressant », car « il traduit bien la volonté du roman de suggérer que la guerre et sa violence touchent tout le monde, et que quand le sang s’écoule, il a la même couleur quels que soient les êtres humains ».

Source: cnews.fr

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