Qu’on soit un homme ou une femme, les risques de développer un cancer ne sont pas les mêmes. Ces différences sont en partie génétiques, révèlent deux études qui se sont concentrées sur le chromosome sexuel Y.
Certains cancers affectent plus les hommes que les femmes. C’est le cas notamment des cancers de la vessie et du côlon. Deux études américaines publiées dans le dernier numéro de Nature ont tenté d’étudier en profondeur les causes génétiques de telles différences. Leurs recherches se sont concentrées sur l’élément qui distingue les deux sexes : le chromosome Y.
Rappelons que si les cellules de l’espèce humaine, hommes comme femmes, ont 46 chromosomes, celles des femmes comportent une paire de chromosomes sexuels X, tandis que chez les hommes un des X est remplacé par un chromosome Y. Beaucoup plus petit, ce dernier ne contient qu’une soixantaine de gènes alors qu’on en dénombre près de 1000 sur le chromosome X.
Au vu de sa petitesse, on pourrait donc penser que le chromosome Y joue un rôle mineur. Preuve en serait que chez les hommes vieillissants, certaines de leurs cellules auraient tendance à perdre purement et simplement cet élément biologique mâle. Pourtant, montrent les deux études, le rôle du chromosome Y dans la survenue de certains cancers semble primordial.
L’implication du gène KRAS porté par le chromosome Y
Ainsi, l’équipe de Ronald DePinho du centre médical MD Anderson de l’université du Texas (Houston, États-Unis) a mis au jour le rôle d’un gène nommé KRAS porté par le chromosome Y.
Lorsque celui-ci est surexprimé, que ce soit chez l’homme ou chez une souris modèle, l’agressivité des cancers colorectaux s’en trouve renforcée, favorisant notamment l’expansion des tumeurs dans l’organisme avec la formation de métastases. En cause, KRAS qui, par un mécanisme encore nébuleux, permet aux cellules cancéreuses d’échapper à la surveillance du système immunitaire.
L’absence de chromosome Y fait progresser plus rapidement les tumeurs
Mais, Janus à double face, le chromosome Y joue également un rôle positif dans la prévention du processus tumoral, comme le démontre la seconde étude réalisée par Dan Theodorescu du Cedars-Sinai Medical Center (Los Angeles, États-Unis) et ses collaborateurs. Les chercheurs se sont ainsi demandé ce qui se passait lorsque les cellules perdaient leur chromosome Y.
Conclusion : en se débarrassant de cet élément génétique, les cellules cancéreuses, tout comme dans l’étude de DePinho, échappent au système immunitaire et deviennent plus virulentes, comme les chercheurs l’ont montré en étudiant les lignées cellulaires de 300 patients mâles souffrant d’un cancer de la vessie. Et il s’avère que c’est également le cas pour les cancers de la prostate. Une observation confirmée chez la souris.
Chez les animaux dont les cellules tumorales n’avaient plus de chromosome Y, la maladie progressait beaucoup plus rapidement que pour les souris disposant encore du chromosome sexuel.
Un point positif toutefois et un espoir de thérapie : ces tumeurs très agressives sans Y semblent posséder un talon d’Achille. En effet, elles apparaissent plus sensibles aux immunothérapies, que ce soit chez la souris ou chez l’humain.
sciencesetavenir