L’impact des volcans serait largement sous-estimé dans les projections climatiques actuelles

Si l’impact des éruptions volcaniques sur le climat est actuellement mineur par rapport à celui des activités humaines, il ne doit cependant pas être négligé. Une nouvelle étude montre qu’il serait d’ailleurs largement sous-estimé dans les projections climatiques.

La controverse se réveille à chaque nouvelle éruption : pour certains, les volcans cracheraient en effet bien plus de gaz à effet de serre que nous n’en produisons, nous, humains. Une façon de nous dédouaner de nos responsabilités concernant le réchauffement climatique. Certes, il serait bien tentant de penser que « ce n’est pas notre faute » et pourtant, les spécialistes sont unanimes : non, les quantités de gaz à effet de serre produites par les éruptions volcaniques comme il s’en produit tous les jours sur Terre sont bien moins importantes que celles produites par les activités humaines. Inutile, donc, de se voiler la face.

Un impact mineur mais non négligeable cependant

Pourtant, il serait également faux de considérer que l’activité des volcans n’a aucun impact sur le climat. On sait en effet que les grandes éruptions sont capables de refroidir temporairement le climat en créant un hiver volcanique. Les gigantesques éruptions, du type trapps, sont, elles, responsables de réchauffements globaux et souvent associées à des extinctions de masse. Ce type d’activité volcanique, dont l’impact est considérable, n’a cependant rien à voir à côté des éruptions que nous connaissons quotidiennement et ne survient que très rarement dans l’histoire de la Terre. Actuellement, il n’est donc pas du tout question de ce type de volcanisme.

Bien qu'impressionnantes, les éruptions de l'Etna n'ont qu'un impact extrêmement mineur sur le climat face à celui de l'Humanité. © Daniele Andronico, imaggeo.egu.eu

BIEN QU’IMPRESSIONNANTES, LES ÉRUPTIONS DE L’ETNA N’ONT QU’UN IMPACT EXTRÊMEMENT MINEUR SUR LE CLIMAT FACE À CELUI DE L’HUMANITÉ. 

Dans l’équation complexe qui régit le climat terrestre actuel, le paramètre volcanique a donc un poids qui n’est pas négligeable, même s’il arrive au second plan par rapport au nôtre. Mais quel est-il exactement ?

Une sous-estimation du paramètre volcanique d’un facteur 2 à 4

Pas évident de faire la part des choses. Une nouvelle étude publiée dans Geophysical Reasearch Letters révèle cependant que cet impact du volcanisme serait largement sous-estimé dans les projections climatiques actuelles. Il serait en effet deux à quatre fois plus important que ce qui est pris en compte dans les modèles.

En plus du CO2, les volcans émettent en effet de grandes quantités de gaz soufrés dans l’atmosphère, des gaz qui ont un fort pouvoir d’effet de serre. Pour évaluer l’impact des volcans sur le climat, les scientifiques étudient habituellement les traces laissées par les différentes éruptions au cours de l’histoire dans les glaces des calottes polaires. Or, seules les grandes éruptions seraient ainsi correctement archivées, celles de plus petite amplitude passant inaperçues. C’est ce biais de données qui aurait, d’après les chercheurs de l’université de Cambridge, causé cette sous-estimation de l’impact des volcans sur le système climatique.

Si les grandes éruptions volcaniques laissent une trace dans les glaces des calottes polaires, la plupart des petites éruptions, qui sont les plus fréquentes cependant, passent relativement inaperçues et ne sont donc pas correctement prises en compte dans le calcul du forçage volcanique sur le climat. © Jamie Perera, Midjourney

SI LES GRANDES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES LAISSENT UNE TRACE DANS LES GLACES DES CALOTTES POLAIRES, LA PLUPART DES PETITES ÉRUPTIONS, QUI SONT LES PLUS FRÉQUENTES CEPENDANT, PASSENT RELATIVEMENT INAPERÇUES ET NE SONT DONC PAS CORRECTEMENT PRISES EN COMPTE DANS LE CALCUL DU FORÇAGE VOLCANIQUE SUR LE CLIMAT. 

L’influence sous-estimée des petites éruptions sur le climat

Les résultats présentés dans l’article sont basés sur des compilations d’archives glaciaires et de données satellites, qui ont permis de produire plusieurs simulations numériques. Les scientifiques montrent ainsi que les nombreuses petites éruptions « discrètes », voire absentes des archives glaciaires seraient en réalité responsables de la moitié du forçage volcanique sur le climat.

Une réévaluation de cette composante dans les projections climatiques permettrait de les rendre plus robustes et de mieux anticiper l’évolution des températures, signalent les auteurs de l’étude. Cela en gardant à l’esprit que ce forçage volcanique reste mineur par rapport aux émissions de CO2 liées aux activités humaines.

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