Législatives en Grèce : l’extrême droite signe son retour au Parlement

Pour la première fois depuis le retour de la démocratie en Grèce il y a près de 50 ans, trois partis nationalistes vont siéger dans le nouveau Parlement. À eux trois, ils se sont adjugé 12,77 % des suffrages lors des élections législatives dimanche. Parmi eux, les « Spartiates », une formation soutenue par un ancien cadre du parti néo-nazi Aube dorée.

Onze ans après l’élection de députés néonazis, l’extrême droite signe son retour au parlement en Grèce avec une petite formation, « Les Spartiates », soutenue par un ancien haut responsable d’Aube dorée derrière les verrous.

Au total, trois partis nationalistes, situés à droite de la formation conservatrice du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, siègeront au parlement monocaméral, pour la première fois depuis le retour de la démocratie en Grèce il y a près de 50 ans.

À eux trois, ils ont recueilli 12,77 % des suffrages lors des élections législatives dimanche.

« Les électeurs d’extrême droite en Grèce ont désormais accès à une gamme d’options politiques hautement personnalisées, presque sur mesure », juge Georgios Samaras, professeur adjoint de politique publique au King’s College de Londres, interrogé par l’AFP.

Inconnue il y a quelques semaines encore, la formation « Les Spartiates », qui s’inspire avec son nom et son logo – un casque guerrier – de la Grèce antique, a recueilli 4,64 % des suffrages et sera représentée par 12 députés.

Dimanche soir, la surprise était telle que les journalistes ne savaient même pas où se trouvaient les bureaux de ce petit parti qui, il y a deux semaines encore, ne disposait que d’une page Facebook.

Absents

« Les Spartiates » sont apparus dans les sondages le 13 juin seulement et ils étaient absents des premières élections législatives il y a cinq semaines.

Mais c’est indubitablement le soutien apporté par l’ancien porte-parole du parti néonazi Aube dorée, Ilias Kassidiaris, qui lui a permis d’acquérir une notoriété soudaine. Le dirigeant des « Spartiates », Vasilis Stigas, a publiquement remercié Ilias Kassidiaris, le qualifiant de « carburant qui nous a permis d’obtenir ce résultat ».

Cette déclaration « révèle sans équivoque le véritable cerveau derrière ce parti », juge Georgios Samaras.

L’ancien cadre d’Aube dorée purge une peine de 13 ans et demi de prison ferme pour son appartenance à une « organisation criminelle » impliquée dans l’assassinat d’un rappeur antifasciste.

Malgré son incarcération, cet homme de 42 ans, violent, négationniste et qui s’est fait tatouer une croix gammée sur l’épaule, a continué ses activités politiques. Depuis sa cellule, il s’adresse régulièrement à ses sympathisants par des messages vocaux diffusés sur sa chaîne YouTube.

Début mai, la Cour suprême avait décidé de bannir du scrutin « Les Hellènes », le parti qu’il a fondé avant son emprisonnement, estimant qu’il était la « continuation d’Aube dorée ».

Autre formation nationaliste à franchir le seuil des 3 % nécessaire pour avoir des députés : « Niki » (Victoire, en grec), parti anti-migrants, anti-avortement et proche de la frange conservatrice de l’Église orthodoxe.

« Avec la crainte de Dieu, nous irons de l’avant, en luttant pour la victoire de l’hellénisme », a assuré dimanche soir son chef, un théologien, Dimitris Natsios.

Liens avec la Russie

Selon le programme de ce parti, les immigrés devraient subir des contrôles mensuels de santé, de statut professionnel et de casier judiciaire.

Le parti dont les médias dénoncent les liens avec la Russie a obtenu 3,7 % des voix.

Enfin, le parti prorusse Solution grecque, apparu lors des élections européennes en 2019, maintient sa présence au parlement.

La formation, qui se défend d’être d’extrême droite, est dirigée par Kyriakos Velopoulos, un adepte des théories du complot qui vendait à la télévision de supposés manuscrits rédigés par Jésus-Christ. Cet homme chauve vendait aussi de la cire d’abeille pour lutter contre la chute des cheveux.

Ces petits partis nationalistes réalisent leurs meilleurs scores dans le nord de la Grèce, en particulier en Macédoine.

« La colère (…) mijote depuis la signature de l’accord de Prespa » en 2018 qui a permis de résoudre le long conflit autour du nom de la Macédoine du Nord voisine.

De nombreux extrémistes de la province grecque ont vu dans cet accord historique une haute trahison.

« Il est évident qu’il existe des interconnexions importantes entre ces partis, principalement en raison de leur position commune sur le différend macédonien et de leur refus inébranlable d’accepter » l’accord, souligne Georgios Samaras.

AFP

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