Emmanuel Macron ouvre le débat sur une réduction des vacances d’été. Dans le même temps, la gauche propose que « le droit au départ devienne effectif », alors que 40% des Français ne partiront pas cette année.
C’est un thème politique qui monte à mesure que les températures augmentent: celui des vacances d’été. La gauche est la première à être montée sur le sujet. Six élus de la Nupes, dont l’insoumis François Ruffin, ont signé conjointement une tribune dans Le JDD il y a deux semaines.
Bafa, transport, colonie de vacances…
Leur revendication: faire en sorte que « le droit au départ » en vacances « devienne effectif », avec l’objectif de passer de « 60% à 80% de partants ». Ces six députés ont ensuite présenté une proposition de loi le 20 juin dernier. Un symbole fort, puisque le 20 juin 1936 était promulguée la loi de généralisation des congés payés.
La gauche propose tout un panel de mesures, comme un aller-retour sans péage pour les automobilistes, des billets illimités à 29 euros sur le réseau TER, un aller-retour en TGV bloqué à ce même tarif, la gratuité du Bafa, ou encore un « pass colo verte ».
Le député écologiste Benjamin Lucas a ensuite présenté cette semaine une seconde proposition de loi avec Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart-Monde. Celle-ci met en avant un texte élaboré avec « des personnes en situation de pauvreté » et des « professionnels ». Parmi les dispositions retenues: la création d’un guichet unique qui centralise les aides au départ en vacances ou l’harmonisation des aides au départ en vacances des Caf.
En l’état, ces deux textes ne peuvent pas être inscrits à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale avant l’été, faute de niches parlementaires de la Nupes. L’initiative permet néanmoins à la gauche, qui évoque un « droit au bonheur », de démontrer sa vision de la société en vue de la prochaine présidentielle en 2027. Mais aussi d’ériger certaines de ses priorités, au moment où le débat politique se concentre autour de l’immigration, qui doit faire l’objet d’un projet de loi du gouvernement.
Un « vrai clivage sur les vacances »
C’était sans compter Emmanuel Macron, qui s’est lui aussi emparé du sujet ce mardi, depuis Marseille où il effectue une visite de trois jours. Le chef de l’État a ouvert le débat sur une réduction des vacances scolaires, s’inscrivant ainsi dans les pas de l’ex-Premier ministre Édouard Philippe ou de Yannick Jadot, ancien candidat EELV à la présidentielle.
« Tous ceux qui ont des enfants le savent (…) on a aujourd’hui des enfants qui ont deux mois et demi parfois de vacances, quelques-uns presque trois mois de vacances », a-t-il déclaré devant des journalistes.
Or, ce temps long est une source d’inégalité entre les enfants, a souligné le président de la République. Tandis que certains bénéficient pendant cette coupure de « carnets de vacances » et de « stages linguistiques », « les enfants du quartier sont rendus avec peu d’infrastructures sportives, dans des familles qui sont déjà en difficulté ».
Si une réduction des vacances d’été ne recueille pas l’assentiment des syndicats d’enseignants ou des professionnels du tourisme, elle instaure un « vrai clivage », entre la gauche et Emmanuel Macron, souligne Matthieu Croissandeau. « Sous l’angle de l’éducation pour le président de la République » et « sous l’angle des inégalités et des loisirs », pour la gauche.
bmftv