“On dirait la fin du monde” : la Russie continue de bombarder aussi les zones rebelles en Syrie

Depuis le 20 juin, Idleb, la région rebelle du nord-ouest de la Syrie, est secouée par d’intenses frappes aériennes menées par l’aviation russe, alliée du régime de Bachar al-Assad. Au moins 13 personnes, dont des enfants, auraient été tuées dimanche dans des frappes, notamment dans un marché de fruits et légumes près d’Idleb, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui considère ces raids comme les plus meurtriers depuis le début de l’année. Notre Observateur, un habitant d’Idleb, documente ces frappes en vidéo.

Mardi 27 juin, les avions de guerre russes ont lancé sept frappes sur les environs du village de Serjah à Jabal al-Zawiyah, au sud d’Idleb, a annoncé l’OSDH, sans préciser si ce bombardement a fait des victimes.

Lundi 26 juin, notre Observateur Muhammad (pseudonyme) a transmis à la rédaction des Observateurs de France 24 une vidéo où on le voit avec sa fille dans son village de Jabal al-Zawiyah, dont les bâtiments ont été dévastés par les bombardements consécutifs.

Ces frappes s’inscrivent dans un regain de bombardements à Idleb et à Lattaquié depuis le 20 juin.

Neuf civils, dont deux enfants, ont été tués tandis que trente personnes ont été blessées dans un raid, dimanche 25 juin, sur un marché à Jisr Al-Choghour, près de la frontière turque selon l’OSDH. « C’étaient des agriculteurs qui étaient venus vendre leur récolte […]. Une attaque qui a lieu à l’approche de l’aïd al Adha [fêté le 1er juillet dans le monde musulman, NDLR] », explique dans la vidéo ci-dessous un membre de l’organisation de défense civile du nord-ouest de la Syrie, connue sous le nom de « Casques blancs ».

 Trois combattants rebelles ont été tués dans ces frappes.

 

“Les habitants sont aujourd’hui habitués. Ils s’abritent dans des souterrains, puis regagnent leurs maisons ou leurs tentes” 

Notre Observateur Muhammad documente les frappes russes dans la région de Jabal al-Zawiyah, au sud d’IdlebIl se déplace régulièrement à mobylette, souvent accompagné de sa petite fille de trois ans. Il habite à quelques kilomètres de la zone de contact, entre les combattants rebelles et les forces du régime syrien et leurs alliés, les milices iraniennes. 

Depuis samedi 24 juin, les frappes aériennes se sont intensifiées. On dirait la fin du monde. Des avions Sukhoï 24, Sukhoï 29. Ces avions mènent habituellement des frappes avec desbombes à fragmentation et des bombes thermobariques. J’ai compté 20 explosions. 

 

Un habitant filme une des frappes russes sur le marché de Jisr al-Choghour, dimanche 25 juin.

Les armes à sous-munitions sont interdites par une convention internationale que la Russie n’a pas signée. Quant à la bombe thermobarique, son impact est considéré comme bien plus dévastateur que celui des armes conventionnelles.

Cela fait 12 ans que la guerre dure. Les habitants sont aujourd’hui habitués. Quand les bombardements surviennent, ils s’abritent dans des souterrains, puis regagnent leurs maisons ou leurs tentes quand le calme revient.   

Certains ont creusé des trous dans des terrains vagues et des terrains agricoles, pour se cacher pendant les bombardements.

 

Les forces russes ont mené ces frappes dans la province d’Idleb en riposte à des attaques de drones rebelles qui ont tué quatre civils, dont deux enfants la semaine dernière, a indiqué l’OSDH.

Une partie de la province d’Idleb et des petites portions des provinces voisines de Hama, Alep et Lattaquié sont contrôlées par Hayat Tahrir al-Cham (HTC), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda.

Plus de 6 millions de déplacés internes

Depuis mars 2020, la région fait l’objet d’un cessez-le-feu qui est régulièrement interrompu. 

La Russie, alliée de la Syrie depuis des décennies, est le principal soutien du régime de Bachar al-Assad et intervient militairement depuis 2015 dans le pays.

Selon l’OSDH, la guerre en Syrie a fait plus d’un demi-million de morts et a contraint plusieurs millions de personnes à se déplacer.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), environ 1,6 million de personnes vivant aujourd’hui à Idleb sont des déplacés internes, soit la moitié des habitants de la province. Au total, le pays compte près de 6,7 millions de déplacés internes en 2022, le chiffre le plus élevé du monde.

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