France: La grande distribution joue-t-elle vraiment le jeu du trimestre anti-inflation ?

Des agents de la répression des fraudes contrôlent chaque jour les enseignes pour vérifier la réalité des prix payés en caisse

Lancée courant mars par le gouvernement, l’opération trimestre anti-inflation a été prolongée jusqu’à la fin de l’année.
Chaque enseigne de la grande distribution s’engage à proposer une sélection de produits de première nécessité « au prix le plus bas possible ».

Des agents de la répression des fraudes veillent au grain, vérifiant si les prix payés en caisse sont bien conformes à ceux affichés dans les rayons.

Il se balade discrètement dans les rayons avec un stylo et un calepin à la main. Et au moment de passer à la caisse avec son chariot rempli d’articles, il ne règle rien, prenant toutefois le soin de vérifier si les prix sur son ticket correspondent bien à ceux affichés dans le magasin. Vincent Lunel est un client pour le moins particulier.

Chef du service de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes en Ille-et-Vilaine, il est chargé, comme une vingtaine d’autres agents dans le département, de vérifier les pratiques des enseignes de la grande distribution.

Sa mission l’emmène ce vendredi matin dans un hypermarché de la banlieue rennaise pour contrôler le respect du trimestre anti-inflation par l’enseigne. Lancée mi-mars par le gouvernement et prolongée jusqu’à la fin de l’année, cette opération invite les distributeurs à proposer une sélection de produits « au prix le plus bas possible » pour soulager un peu les consommateurs, étranglés par la hausse des prix.

Chaque acteur met toutefois ce qu’il veut dans son panier et l’on recense aujourd’hui 1.700 produits de première nécessité référencés à l’échelle nationale, tous signalés par un logo tricolore portant la mention « Trimestre anti-inflation. »

Peu d’anomalies depuis le début de l’opération
Le magasin ciblé ce vendredi en propose quant à lui une centaine dans ses rayons. Et les ventes sont au rendez-vous selon son directeur. « Pour cette boîte de haricots verts bio, les ventes ont été multipliées par six par exemple », indique-t-il, sans préciser toutefois de combien le prix du produit a baissé.

Le prix payé en caisse pour cet article est en tout cas conforme à celui affiché dans le magasin. « Cela a été le cas pour tous les articles testés », indique Vincent Lunel à l’issue de son opération de contrôle.

Certaines enseignes ne sont cependant pas toutes aussi scrupuleuses avec parfois des différences de prix notables qui bernent le client. « Mais depuis le début des contrôles sur l’opération trimestre anti-inflation, cela reste quand même marginal », assure Guillaume Carrof, responsable du pôle concurrence, consommation et répression des fraudes à la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets).

Les sanctions sont également assez rares. « C’est souvent de la pédagogie ou un avertissement, poursuit-il. On ne verbalise que si l’on constate une anomalie supérieure à 3 ou 4 % entre le prix payé en caisse et celui affiché en magasin. »

Le client est-il vraiment gagnant ?
Si les enseignes de la grande distribution semblent plutôt respecter les règles, le consommateur est-il vraiment gagnant dans cette opération ? Oui si l’on en croit le gouvernement qui assure que le prix des produits du trimestre anti-inflation a baissé de 13 %. L’association UFC Que Choisir n’a pas fait le même calcul et estime pour sa part que les prix des produits concernés « ont légèrement augmenté » dans la plupart des enseignes sur un trimestre.

Jeudi, l’association Familles Rurales en a remis une couche en assurant que le trimestre anti-inflation « n’a pas tenu ses promesses » avec une hausse de prix de 3 % sur un panier de 34 produits « sains » respectant les préconisations des autorités sanitaires. Une vraie bataille de chiffres dans laquelle le consommateur a un peu de mal à y voir clair.

20minutes

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