Sur Amazon, d’étranges livres générés par l’IA arrivent en tête des ventes

Les 48 lois du Pouvoir, Attends de m’aimer ou L’architecture du code-barres de l’abricot figurent tous parmi les meilleures ventes Kindle du moment. Tous ont été rédigés grâce à l’IA.

En début de semaine dernière, Amazon dévoilait la liste de ses best-sellers Kindle dans la catégorie romance jeunes adultes. Un classement lunaire, dans lequel s’empilaient des titres a priori inconnus du grand public comme The Story of me and you, Jessica’s Attention, ou encore You and I are the same.

Sur Twitter, bon nombre d’auteurs et autrices ont pointé du doigt l’absurdité du classement, et pour cause : parmi les 100 livres nommés, la très grande majorité a été rédigée grâce à l’intelligence artificielle.

Des livres sans queue ni tête, et beaucoup d’IA
Publiée lundi, la liste des ebooks les plus populaires d’Amazon a fait la part belle à l’intelligence artificielle. Depuis l’émergence des outils de génération textuels comme ChatGPT (disponible sur télécharger.com), de plus en plus d’internautes décident de tenter leur chance en autoéditant des nouvelles ou des romans entièrement générés à l’aide de l’IA.

L’exercice représente un gain de temps considérable par rapport à l’écriture d’un véritable ouvrage, d’autant plus qu’Amazon et son programme Kindle autopublishing offrent la possibilité à n’importe qui de proposer un manuscrit à la vente, sans réellement se soucier de la manière dont ce dernier a été créé. Au-delà de l’IA, le catalogue Kindle regorge ainsi de textes complotistes, illégaux, ou tout simplement très mauvais.

Si la plateforme d’Amazon avait déjà durci le ton à cause de la prolifération de contenus pornographiques, les romances à destination des jeunes adultes semblent quant à elle passer entre les mailles du filet. Pour le moment, il n’existe pas de restrictions légales au sujet de l’IA. Les œuvres générées artificiellement ont beau être de plus en plus nombreuses — au point d’inquiéter les auteurs — elles restent autorisées.

Souvent vendus à bas prix, les romans écrits à grand coup d’IA sont assez vite reconnaissables, de par leur couverture standardisée et l’absurdité de leur titre. Reste que leur nom n’est pas le seul à manquer de sens. En se penchant sur le contenu des livres, on découvre des suites de phrases incohérentes, sans aucun enchaînement logique ni intérêt narratif. Les thématiques semblent alterner entre poncifs éculés et cadavres exquis absurdes, pour un résultat souvent médiocre.

Comment des romans nuls deviennent des best-sellers ?
Outre les questionnements éthiques et économiques que l’on serait en droit de se poser sur l’existence même de tels livres, il est surprenant de voir que des romans absurdes générés par l’IA se retrouvent en tête des ventes. Difficile d’imaginer que des millions de lecteurs et lectrices assidus aient passé des heures à lire L’architecture du code-barres de l’abricot.

La réponse se trouve plutôt dans les fermes à clics, qui rassemblent des armées de lecteurs humains ou robots, payés au lance-pierre pour augmenter la popularité des livres en question.

Au-delà de leur qualité discutable, la prolifération des œuvres générées par IA pose plusieurs problèmes. D’abord, pour le lecteur, qui se retrouve noyé sous les publications hasardeuses, et pour qui l’abonnement Amazon Kindle, offrant la possibilité de lire des milliers de livres en illimité, va rapidement perdre son intérêt. Ensuite pour les auteurs, pour qui la concurrence déloyale de la machine risque de faire baisser leur popularité.

Enfin, Amazon aussi a tout à perdre à transformer sa plateforme en vivier pour des textes médiocres dénués de sens. Pour le moment leader incontesté de la lecture numérique, le géant du e-commerce pourrait vite se laisser dépasser par un éditeur plus regardant.

Amazon a eu la pire idée du monde pour lutter contre le piratage

Vice

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