Face au jihadime, l’UE s’éloigne du Mali et mise sur le Niger

Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a annoncé à Niamey le renforcement de l’appui militaire européen à hauteur d’une « centaine de millions d’euros », tout en rappelant la fonction stratégique qu’occupe le pays dans cette région « vulnérable et très instable ».

L’Union européenne renforcera son appui militaire au Niger pour combattre les groupes jihadistes, notamment dans les zones proches du Mali et du Burkina Faso, a annoncé mercredi 5 juillet le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Le Niger « sera le premier pays africain » à bénéficier d’une aide européenne afin de doter ses forces en “équipements à caractère létal”, principalement des “munitions sophistiquées pour hélicoptères de combat”, a déclaré Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, lors d’une conférence de presse à Niamey.

Sur la « centaine de millions d’euros » d’aide destinée à la sécurité du pays, cinq millions sont destinés à l’achat des munitions de combat et proviendront du Fonds de la facilité européenne pour la paix (FEP), dont bénéficie déjà l’Ukraine, a-t-il précisé.

Rôle de « stabilisateur »

Le chef de la diplomatie européenne a rappelé l’existence des « missions [militaires] au Niger pour soutenir la formation des effectifs, le maillage territorial, la construction de casernes… » Selon lui, l’UE « soutient » le Niger pour son « agenda de consolidation démocratique, […] la bonne gouvernance », ainsi que « la grande capacité » de son armée « à faire face à l’insécurité ». Il a insisté sur le rôle « stabilisateur » du Niger « au milieu d’une région vulnérable très instable ».

Au Sahel, le Mali et le Burkina Faso sont  dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par un coup d’État – respectivement Assimi Goïta et Ibrahim Traoré –, et sont en proie à des violences jihadistes récurrentes. Josep Borrell a dit « regretter énormément » la décision du gouvernement malien qui demande « le retrait de la Minusma » sur son territoire, inquiet d’une augmentation de l’ »insécurité » et du développement du « terrorisme ». « On se retire du Mali, on diminue nos activités au Mali et on lance une nouvelle mission de partenariat au Niger », a-t-il assuré.

Le 5 juillet, Josep Borrell s’est également entretenu avec le président nigérien Mohamed Bazoum. Il se rendra le lendemain à Agadez (Nord) pour visiter « des projets d’aide à la sécurité », financés par l’UE.

Le Niger est confronté sur six de ses sept frontières à des bandits armés ou à des groupes jihadistes, comme le nigérian Boko Haram dans l’Est, et d’autres groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique au grand Sahara (EIGS) dans l’Ouest. Dans sa lutte contre les jihadistes, le Niger bénéficie du soutien de plusieurs pays occidentaux dont la France et les États-Unis, qui y ont des bases militaires. Quelque 1 500 soldats français sont présents dans le pays.

AFP

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