Journée de l’environnement : régénérer la Terre et nourrir toute une population, c’est possible

L’Organisation des Nations unies a lancé un appel à l’occasion de la Journée de l’environnement qui se tient samedi 5 juin. Cent milliards d’hectares de terre ont été dégradés selon l’ONU. Il faut les restaurer et établir une nouvelle relation équilibrée avec nos écosystèmes.

Le jeudi 3 juin, l’Organisation des Nations unies (ONU) a lancé le mouvement #GénérationRestauration afin de prévenir, stopper et inverser la dégradation des écosystèmes dans le monde entier. Actuellement, l’Homme a dégradé 100 milliards d’hectares terrestres, une surface équivalente à celle de la Chine, selon le rapport de deux agences phares de l’ONU, celle de l’environnement (Unep) et celle de l’agriculture (FAO). Il faut, dès lors reconsidérer notre rapport à la nature : « L’humanité n’est pas en dehors de la nature, elle en fait partie. Nous devons recréer une relation équilibrée avec les écosystèmes qui nous permettent de vivre », précise l’Organisation.

L’humanité n’est pas en dehors de la nature, elle en fait partie

Heureusement, des solutions existent et elles sont efficaces. Parmi elles, l’agriculture régénératrice a déjà fait ses preuves. D’abord, dans les fermes à petite échelle de production et, désormais, dans les plus grandes. En effet, Gidon Eshel, professeur et chercheur en physique de l’environnement, a tenté de savoir si cette technique permettait de nourrir toute une population. Les résultats de son étude, publiée dans la revue PLOS Biology, sont prometteurs.

En quoi consiste l’agriculture régénératrice ? 

Ce type d’agriculture permet de régénérer les sols, dégradés par l’agriculture intensive qui utilise le labour et l’épandage de produits agro-chimiques et d’engrais minéraux, en augmentant leur teneur en matière organique. Cette technique met l’accent sur une production durable plutôt que sur des résultats à court terme. Voici ses trois grands principes :

  • Minimiser ou arrêter le labour des terres, car cette pratique est très dommageable pour le sol. Elle exacerbe son érosion et entraîne un appauvrissement en carbone.
  • Recréer une diversité biologique en associant différentes cultures sur une même passerelle afin de restaurer la flore bactérienne du sol. Autrement dit, cesser la monoculture.
  • Planifier correctement le pâturage, car s’il est bien géré il peut stimuler et améliorer la croissance des plantes.
Une ferme à petite échelle sans engrais de synthèse. © Gidon Eshel
Arrêter l’agriculture intensive et nourrir toute une population, malgré tout

Pour savoir si cette pratique pouvait, à la fois, subvenir à une population américaine de 330 millions d’habitants et supprimer les émissions à effet de serre provoqués par l’agriculture intensive, Gidon Eshel a créé un modèle mathématique qui évite les engrais synthétiques au profit du fumier (source précieuse d’engrais naturel) sur toutes les terres des États-Unis où les précipitations sont abondantes et le sol de haute qualité (100 millions d’hectares au total). Il a divisé cette zone en unités agricoles qui intégrait l’élevage intensif de bétail à la production de fruits, de légumes, de céréales, de noix et de fourrage pour le bétail. Cette technique s’appelle Mixed farming.

Résultats : les modélisations ont éliminé la totalité des émissions de gaz à effet de serre agricoles et 55 % d’engrais azotés utilisés actuellement. Ils ont également augmenté la productivité et la production totale de protéines — les fermes modélisées ont produit 110 % de la consommation actuelle et ont produit un régime plus riche en protéines. Ils ont seulement réduit la production de bœuf de 20 à 30 %.

« Alors que l’agriculture régénérative à petite échelle est encouragée depuis de nombreuses années, personne ne savait vraiment si elle pouvait nourrir la population. Sans prendre parti dans ce débat qui fait rae, j’ai entrepris de tester de manière agnostique si une telle pratique peut produire assez de nourriture […] J’ai découvert que ces fermes modélisées peuvent en fait facilement nourrir les États-Unis, notamment en produisant les quatre cinquièmes besoins en bœuf ; améliorer de façon assez spectaculaire la nutrition et, par extension, la santé publique », précise le docteur Eshel.

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