Affaire Thami Bennani : La thèse du meurtre confirmée, la famille soulagée

Début 2022, une mystérieuse histoire de disparition refait surface au Maroc. Il s’agissait de l’affaire du jeune Thami Bennani, âgé de seulement 17 ans au moment des faits, qui avait disparu dans des circonstances mystérieuses il y a plus de 15 ans à Mohammedia. Depuis lors, sa mère mène un combat acharné, seule contre tous, pour retrouver des preuves et des indices sur les circonstances de la disparition de son fils.

A elle seule, la maman de Thami Bennani a réussi à reconstituer les faits, à mener l’enquête, à recouper les informations, et à tout transmettre à la police, en vain. Presque aucun de ses efforts n’a permis de confondre les accusés, cinq amis de son fils, issus de familles « riches et influentes » dans leur ville, selon les témoins. On a toujours essayé de la convaincre et de la persuader qu’il s’agissait d’un suicide, ou encore que son fils était un « drogué » et un « instable« .

Le dossier est truffé d’énigmes, de témoignages contradictoires des accusés, de versions qui changent devant la police ou les caméras, d’anciens amis toujours traumatisés aujourd’hui et sous traitement psychiatrique, refusant de parler. La mère affirme que des personnes influentes sont derrière cette enquête qui demeure au point mort.

Mais en réalité, la maman assure avoir vu son fils partir en voiture avec ses amis pour l’anniversaire d’une camarade de classe, dans la nuit du 14 mars 2007. Après avoir dénoncé les calomnies à l’encontre de son fils et affirmé qu’il s’agissait d’un meurtre, réclamant justice, Hayat, la mère de Thami Bennani, a été menacée alors qu’elle cherchait simplement des réponses cohérentes, souhaitant savoir si son fils était mort ou vivant, et exigeant la présentation de preuves. Elle a dénoncé des « négligences« , des « tentatives » pour classer le dossier sans suite, et des « pressions » exercées pour que les coupables ne soient ni accusés ni emprisonnés.

Le meurtre enfin confirmé par le ministère public
Après de nombreuses années de lutte, Hayat, la mère de Thami Bennani, a enfin obtenu la réponse tant attendue. En effet, lors de l’audience du vendredi 7 juillet, le parquet général de la cour d’appel de Casablanca a surpris l’assistance en affirmant que le crime était établi.

Le représentant du ministère public a ainsi confirmé que le meurtre de Benani était avéré, soulignant que la tête avait été retrouvée séparée du corps, outre la présence de contusions sur le corps.

Le substitut du procureur général a souligné que le lieu où le crime avait été reconstitué n’était pas le même endroit où le corps avait été retrouvé, indiquant que les meurtriers avaient abandonné Thami et s’en étaient rapidement allés.

Il a également noté que le pantalon porté par la victime semblait déchiré, ce qui était considéré par le médecin légiste comme une tendance chez les jeunes, indiquant que la déchirure du pantalon résultait d’un acte de traction en ce sens que la victime a été traînée, concluant ainsi que Thami avait été victime de violence.

Il a à cet égard requis les peines maximales à l’encontre des accusés détenus à la prison d’Oukacha.

De son côté, la défense de la partie civile a exposé les détails de la disparition du jeune Thami Benani depuis 2007, soulignant qu’il était en train de célébrer un anniversaire avec ses amis avant de disparaître.

La défense a également demandé à la cour de rouvrir l’enquête sur l’incident en introduisant une requête afin de déterminer l’emplacement des parents grâce aux numéros de téléphone au moment du crime.

Pour la mère de Thami, c’est un grand soulagement. À l’issue de l’audience, Hayat a exprimé sa satisfaction quant aux déclarations du représentant du ministère public ainsi qu’à la plaidoirie de sa défense, dans le but d’éclairer la Cour et de parvenir à la vérité.

« Le parquet général était à la hauteur de nos attentes et en accord avec la réalité de l’affaire, et qu’il se dirigeait vers la vérité, à savoir que Thami Benani a bel et bien été tué« , a-t-elle dit.

« Aujourd’hui, le représentant du ministère public a relevé des contradictions et des positions téléphoniques ainsi que des divergences dans les déclarations des parties« , a confié Hayat, soulignant que « le mot ‘meurtre’ de Thami était absent depuis des années, et qu’aujourd’hui, le parquet général et la défense l’ont évoqué« .

Il convient de noter que l’audience a été reportée à lundi prochain. La défense des accusés fera son plaidoyer, en attendant le dernier mot des détenus et le verdict final dans une affaire qui a tenu en haleine l’opinion publique.

hespress

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