Au Liban, la pandémie du Covid, la crise économique sans précédent qui frappe le pays depuis 2019, et l’explosion du port de Beyrouth, en août 2020, ont eu un impact dévastateur sur l’enseignement scolaire public. Avant cette série d’événements, plus de la moitié des élèves étaient scolarisés dans ce secteur. Aujourd’hui, ils ne représentent plus que le tiers, soit 330 000 enfants.
Plus de 20 000 élèves commencent ce lundi 10 juillet les épreuves du baccalauréat libanais qui s’étalent sur trois jours. Celles-ci se déroulent dans des conditions particulièrement désavantageuses pour eux : les candidats aux épreuves du baccalauréat libanais issus des établissements scolaires publics ont bénéficié cette année de 110 jours d’enseignement seulement contre une moyenne de 180 jours dans le secteur privé local ou en Europe.
L’année scolaire a été fortement compromise par un long mouvement de grève des enseignants qui exigeaient des réajustements de leurs salaires devenus dérisoires en raison de l’effondrement de la valeur de la livre libanaise face au dollar.
La grève s’est déroulée de janvier à mars, une période cruciale destinée à l’acquisition de nouvelles notions, et on imagine le préjudice causé aux élèves. La grève a cessé en mars, mais un millier d’enseignants du public, dont 400 dans le secondaire, ont quand même refusé de rejoindre leurs postes.
Les candidats aux épreuves du baccalauréat du secteur public sont clairement défavorisés par rapport à leurs camarades du privé.
Seulement 60% du programme retenu pour le bac
L’année scolaire chaotique a poussé les autorités à annuler les épreuves du brevet, mais celles du baccalauréat ont cependant été maintenues et se déroulent dans des conditions particulières. La solution imaginée par les responsables de l’Éducation est radicale, elle consiste à amputer de 40% le programme sur la base duquel se tiennent à partir d’aujourd’hui les examens officiels. Les matières optionnelles ont été annulées et les élèves ont été autorisés à sélectionner les matières de leur spécialité.
Le Centre de recherche et de développement pédagogique, qui a été chargé de trouver des aménagements pour tenter de sauver l’année scolaire, a donc retenu 60% du programme, alors que les élèves du privé ont eu amplement le temps de boucler le cursus et de procéder à des révisions des notions et des connaissances acquises.
De nombreuses répercussions négatives
Cette solution aura certainement un impact négatif sur les performances du secteur scolaire public et la première conséquence sera une baisse notable du niveau de l’éducation. Les responsables en sont parfaitement conscients et affirment que la solution mise en œuvre « ne résout pas le problème et ne rétablit pas le niveau d’enseignement ».
L’acceptation des élèves du secteur public dans les universités à l’étranger en sera sans doute compromise, certains établissements universitaires dans le monde commencent d’ailleurs à s’interroger sur le niveau des étudiants libanais qui avaient dans le passé un accès facile à l’enseignement supérieur dans les plus prestigieuses écoles.
L’effondrement de l’enseignement public aura des répercussions plus générales : le Fonds des Nations unies pour l’enfance, l’UNICEF, a averti dans un rapport qu’ « une année de scolarité perdue se traduirait par des pertes pour l’économie libanaise pouvant atteindre deux milliards et demi de dollars dans les années à venir ».
RFI