Les concerts géants des stars mondiales de la pop alimentent-ils vraiment l’inflation ? Dernier élément à charge : la prochaine tournée mondiale de Taylor Swift. La billetterie en ligne ouverte le 11 juillet pour sa venue à Paris a implosé sous l’afflux des demandes.
La plateforme Ticketmaster est en cause. Elle a dû fermer son site, incapable de gérer ce raz de marée. C’est déjà ce qui s’est produit l’an dernier aux États-Unis où la chanteuse a commencé sa tournée. L’artiste de 33 ans suivie par 267 millions d’abonnés sur Instagram, n’est pas montée sur scène depuis cinq ans, d’où cette attente frénétique du public.
Au Royaume-Uni, des millions de fans rêvaient de décrocher un billet pour 2024, 40 000 ont franchi avec succès l’étape de la prévente. En Australie, quatre millions de candidats ont tenté de décrocher les 450 000 billets en vente. Aux États-Unis où le « Eras tour » est en cours, deux millions de billets sont partis en un seul jour, un record absolu, avec à nouveau des couacs de Ticketmaster.
Le prix des places flambe
Au Royaume-Uni, les onze dates programmées par Taylor Swift se sont déjà revendues à des niveaux stratosphériques. Jusqu’à 3 000 euros pour Londres alors que le ticket le plus cher était proposé à 130 euros. Le marché secondaire est le premier facteur d’inflation. Le prix officiel des billets de concerts a aussi fortement grimpé au Royaume-Uni ou aux États-Unis depuis la fin du Covid, ce qui n’est pas le cas de la France.
Enfin, comme l’a constaté l’économiste de la Danske Bank en Suède avec le concert de Beyoncé au mois de mai, ces shows qui drainent un public considérable font aussi bondir le prix des hôtels, des restaurants. Le concert de Beyoncé à Stockholm a ajouté 0,2% à l’inflation galopante du royaume scandinave. Elle était de 9,7% en mai, alors que les prévisionnistes tablaient sur 9,2.
Cette « Beyoncé-flation » est-elle durable ?
Probablement pas, reconnaît l’économiste qui l’a identifiée. Mais il n’y a pas que Taylor Swift et Beyoncé qui drainent des foules : Bruce Springsteen, Elton John, Ed Sheeran pour ne citer que les plus connus en Europe, font partie de ces icônes populaires générant une demande spectaculaire. Aux États-Unis, les experts de l’industrie du divertissement ont bien détecté l’émergence de cette nouvelle économie aux retombées assez incroyables.
Les dates américaines de la tournée de Taylor Swift devraient générer 4,5 milliards de chiffres d’affaires en incluant tous les revenus. À Cincinnati et Pittsburgh, le prix des chambres d’hôtel a doublé lors de sa venue. Les agences proposent donc de plus en plus de pack concert et voyage tout compris pour capter ce nouveau public.
Une clientèle en général assez jeune et argentée
On les appelle des YOLO, pour You Only Live Once. « Vous ne vivez qu’une fois » en français. Ce principe est devenu un art de vivre et de consommer après le Covid. Le confinement et l’épargne contrainte du fait de la pandémie décuplent les ardeurs des groupies.
Maintenant que le retour à la vie normale est avéré, elles veulent rattraper le temps perdu en vivant des soirées d’exception. Les plus riches n’hésitent pas à voyager dans le monde entier pour écouter leur artiste préféré en live. On parle de l’économie de l’expérience. Une nouvelle forme de tourisme en plein essor, dont les concerts géants sont l’une des déclinaisons. Aux États-Unis au premier trimestre, les ventes de billets ont grimpé de 40%.
rfi