Qu’est-ce que le syndrome de Guillain-Barré, dont les cas se multiplient au Pérou ?

Depuis plusieurs semaines, les autorités sanitaires du Pérou ont observé une recrudescence du syndrome de Guillain-Barré. L’état d’urgence sanitaire a été déclarée pour trois mois.

Face à la multiplication « inhabituelle » des cas de syndrome de Guillain-Barré au Pérou, les autorités ont déclaré dimanche 9 juillet l’état d’urgence sanitaire pour trois mois. Le dernier bilan du ministère péruvien de la Santé fait état de quatre morts et plus de 180 cas déclarés depuis le mois de janvier. Les 33 millions d’habitants de cet État d’Amérique du Sud sont désormais sous cloche pour 90 jours. 

Une affection rare qui touche le système nerveux

Le syndrome de Guillain-Barré (SGB), aussi appelée polyradiculonévrite aiguë, est rare. D’après l’OMS, le syndrome est une affection dans laquelle le système immunitaire du patient s’attaque à une partie du système nerveux périphérique du corps humain. Il peut atteindre par exemple les nerfs qui commandent les muscles, mais aussi ceux qui transmettent les sensations de douleur, de chaleur ou du toucher. On parle ainsi de maladie auto-immune.

Le GBS peut affecter n’importe qui. Bien qu’il puisse toucher les personnes de tout âge, il est plus fréquent à l’âge adulte et chez les sujets de sexe masculin, explique l’OMS. On estime que le SGB affecte environ une personne sur 100 000 chaque année. Il n’est ni contagieux ni héréditaire.

Des symptômes allant du fourmillement à la paralysie quasi-totale

Le symptôme le plus fréquent est une faiblesse musculaire ou une sensation de picotements dans les jambes, qui peut se propager aux bras et au visage. Chaque année, en France, 1 700 personnes sont hospitalisées pour ce syndrome.

Si la plupart des malades se rétablissent au bout de quelques semaines ou mois, il existe des formes plus graves. Dans certains cas, le syndrome peut provoquer une paralysie des membres, voire une atteinte aux muscles thoraciques. L’OMS estime que dans 3 à 5% des cas, les patients décèdent de complications de la maladie, telles qu’une paralysie des muscles de la respiration, une septicémie, une embolie pulmonaire ou un arrêt cardiaque.

Il n’existe aucun traitement curatif contre le syndrome de Guillain-Barré, mais les thérapies disponibles permettent de soulager les symptômes et de réduire la durée de la maladie.

Une origine le plus souvent infectieuse 

La cause exacte du SGB n’est pas précisément connue. Les chercheurs ne savent pas pourquoi il touche certaines personnes et pas d’autres. Selon l’OMS, le SGB est souvent déclenché par une infection, bactérienne ou virale, et dans des cas beaucoup plus rares, il peut se déclencher après une intervention chirurgicale ou une vaccination.

Récemment, une équipe de chercheurs français ont fait un lien entre l’apparition du syndrome et une infection au virus Zika, principalement transmis par des moustiques. Ils se sont appuyés sur les données de l’épidémie de virus Zika en Polynésie française entre 2013 et 2014 et la recrudescence du syndrome pendant cette même période. Selon l’étude, le risque de développer un SGB a été estimé à 2,4 pour 10 000 infections par le virus Zika.

La multiplication de cas de syndrome de Guillain-Barré au Pérou intervient alors que le pays fait face à une violente épidémie de dengue. Le taux de cas dans le pays est le deuxième mondial, après le Brésil, en hausse de 365% par rapport à la moyenne des cinq dernières années selon l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS).

Un effet secondaire « très rare » de certains vaccins

En juillet 2021, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a répertorié le syndrome de Guillain-Barré comme un effet secondaire « très rare » du vaccin produit par Johnson & Johnson. Selon l’EMA, 108 cas du syndrome neurologique ont été signalés dans le monde au 30 juin 2021, quand plus de 21 millions de personnes s’étaient fait vacciner. « L’EMA confirme que les avantages du vaccin Covid-19 Janssen continuent de l’emporter sur les risques du vaccin », a toutefois souligné l’agence située à Amsterdam (Pays-Bas).

Depuis ce signalement, un avertissement est inclus dans les informations sur le produit pour sensibiliser les professionnels de la santé et les personnes recevant le vaccin. L’EMA examine également un lien éventuel entre le SGB et le vaccin d’AstraZeneca, après avoir répertorié le syndrome comme un effet secondaire « très rare », en septembre 2021.

De nombreux internautes dénoncent un lien supposé entre la vaccination contre le Covid-19 et les cas de syndrome de Guillain-Barré au Pérou. Dans ce pays, la campagne de vaccination a pourtant reposé à plus de 80% sur les vaccins de Pfizer-BioNTech et de Sinopharm. AstraZeneca a représenté 13,2% des vaccinations. Et le vaccin de Johnson & Johnson n’a pas été utilisé.

D’autres pointent un lien supposé entre le SGB et la vaccination contre la grippe. Sur ce point, le Center for Diseases Control (CDC) explique, études à l’appui, qu’il est plus probable qu’une personne contracte le SGB après avoir attrapé la grippe qu’après la vaccination. Le CDC rappelle que la grippe peut être mortelle. Et que la meilleure façon de prévenir l’infection grippale et ses complications reste de se faire vacciner contre la grippe.

franceinfo

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