Face à un nouvel été probablement difficile dans les hôpitaux, en raison de la pénurie de personnel et des congés, Pierre-Henri Guillet, à la tête des hôpitaux de Romorantin et Bourges, détaille ses doutes, ses difficultés et les moyens dont il dispose.
Les hôpitaux français s’apprêtent à connaître un nouvel été de difficultés. Comme chaque année ou presque, des services d’urgences seront régulés et des lits devront fermer à cause de la pénurie de personnel. Face à ces situations, les directeurs des hôpitaux doivent résoudre de véritables casse-têtes. Pierre-Henri Guillet est le directeur des hôpitaux de Romorantin et Bourges, en région Centre-Val-de-Loire.
Et il s’estime chanceux : lui, contrairement à certains homologues, a réussi à remplir le planning du service des urgences des mois de juillet et août. « C’est un alignement de planètes qui fait que nous sommes plutôt préservés. Au niveau des urgences, nous n’avons que deux postes médicaux vacants sur une équipe de treize praticiens« , glisse-t-il.
Pierre-Henri Guillet est le directeur des hôpitaux de Romorantin et Bourges, en région Centre-Val-de-Loire.
Un « alignement de planètes » très rare en France au vu de la pénurie de médecins et d’infirmiers urgentistes. À 70 kilomètres de là, Pierre-Henri Guillet assure l’intérim de directeur de l’hôpital de Bourges, un établissement qui emploie 2 000 personnes : « A l’échelle de l’hôpital, il y a une quarantaine de postes médicaux vacants ».
Des lignes de garde peut-être fermées
Malgré cela, il faut donner des congés bien mérités à un personnel fatigué. Le point chaud comme dans tous les hôpitaux, c’est le service des urgences où hors vacances, il manque déjà 15 médecins sur 25 : « Pour la partie personnel médical, nous avons rempli le tableau de garde de juillet. Sur ce mois-ci, l’activité de garde devrait être conservée totalement. Nous travaillons sur le tableau d’août, et là, il nous reste un certain nombre de trous à combler ».
Les journées de Pierre-Henri Guillet sont très longues, comme pour tous ses collègues directeurs d’hôpitaux. C’est un vrai défi de remplir ces trous, avec des titulaires qui acceptent de faire des heures supplémentaires, et avec des intérimaires, s’il réussit à en trouver : « On ne peut pas faire de miracles. En derniers recours, nous pouvons être amenés à fermer l’une de nos huit lignes de garde. Dans ces cas-là, on ferme celles qui sont le moins exposées, typiquement ça peut être le médecin d’accueil et d’orientation, ou encore le Smur 2 (Structures mobiles d’urgence et de réanimation). C’est le Smur secondaire, celui qui emmène les patients d’un établissement à un autre ».
Un poste de chasseur de têtes bientôt créé
Pas de miracle possible quand on manque de personnel aux urgences, pas de miracle non plus pour le reste de l’hôpital : « Nous fermerons à Bourges une soixantaine de lits qui sont essentiellement les lits d’aval pour la médecine et la chirurgie. Une fermeture de lit, c’est vraiment le dernier recours, c’est vraiment quelque chose que l’on essaie d’éviter au maximum. Là, c’est une problématique de personnel et de congés, qui nous oblige à fermer ces lits ».
Si les directeurs d’hôpitaux n’ont pas la main sur les grilles de rémunérations qui sont décidées nationalement, Pierre-Henri Guillet veut créer à la rentrée un poste de chargé de recrutement. Une sorte de chasseur de têtes pour attirer les soignants : « On ne peut plus partir du principe que l’employeur est en position de force dans le recrutement. C’est à nous d’aller chercher les candidats plutôt que l’inverse.
« L’offre et la demande font que c’est plutôt le candidat qui est en position de force, donc on s’adapte. »
Pierre-Henri Guillet est persuadé que pour attirer des soignants, il faut aussi proposer des projets de travail intéressants et améliorer la qualité de travail à l’hôpital.
franceinfo