La dévaluation du naira nigérian relance le débat sur le franc CFA et sur la monnaie commune de la CEDEAO

FILE - In this Tuesday, Oct. 20, 2015, file photo, a money changer counts Nigerian naira currency at a bureau de change, in Lagos, Nigeria. These are sobering times for Africa’s two biggest oil producers. Oil previously provided 80 percent of government revenue in Nigeria and 70 percent in Angola. Nigeria’s 2016 budget is double that of 2015 and based on $38 oil, so the government plans to borrow heavily. Angola’s budget is based on a price of $40, down from an earlier benchmark of $81. Both countries’ currencies have plunged against the dollar. (AP Photo/Sunday Alamba, File)

Après le cédi du Ghana, le naira nigérian vient de démontrer à son tour sa fragilité face aux chocs extérieurs, repositionnant le franc CFA de l’UEMOA comme un facteur de stabilité à prendre compte dans le projet de monnaie unique de la CEDEAO, dénommé l’ECO.

Pendant de nombreuses années, le Nigeria a maintenu artificiellement la valeur de sa monnaie par rapport au dollar en ouvrant son marché des titres intérieurs aux investisseurs étrangers et en maintenant un taux fixe pour les opérations de change officielles, tout en tolérant un marché parallèle où les taux étaient plus élevés. Dans ce contexte, la décision récente de l’administration au pouvoir au Nigeria d’unifier les taux de conversion avec le dollar américain a entraîné une dévaluation officielle de la monnaie nigériane, la rendant désormais plus faible que le franc CFA.

Selon le site Internet de la banque centrale du Nigeria, il faut désormais 746,7 nairas pour 1 $. Jusque-là le taux de change officiel était de 427 nairas pour chaque dollar. Or dans le même temps, il faut seulement 596,7 francs CFA pour 1$. Même à son niveau le plus bas qui avait été atteint en fin septembre 2022, la monnaie commune aux pays de l’UEMOA n’a jamais atteint le seuil de conversion de 700 unités pour un dollar.

Cette évolution survient alors que les pays de la CEDEAO travaillent toujours à la mise en œuvre d’une monnaie commune appelée l’ECO, et que les pays de l’UEMOA ont décidé de rebaptiser leurs monnaies dans le cadre de ce projet sous-régional. Cette décision avait été très controversée et n’avait pas été appréciée par l’ancien président nigérian, Muhammadu Buhari.

Cependant, l’évolution actuelle démontre que le naira nigérian n’avait pas forcément la capacité de soutenir le projet de monnaie commune, contrairement à ce que certains commentateurs avaient laissé entendre.

Pour les acteurs économiques des pays voisins du Nigeria qui utilisent le franc CFA, il existe désormais des opportunités d’investissement à moindre coût dans ce pays, car la dépréciation de la monnaie entraîne une baisse des coûts des actifs financiers. Cependant, la situation doit être soigneusement analysée car l’inflation continue de progresser à un rythme d’environ 22% au Nigeria, ce qui représente un risque pour les rendements.

Malgré les critiques auxquelles il est confronté, le franc CFA est de fait la devise d’Afrique de l’Ouest qui a le mieux résisté aux chocs extérieurs parmi les grandes économies de la CEDEAO. Au Ghana, une autre économie forte de la sous-région, la monnaie s’est progressivement effondrée au cours des dix dernières années, passant d’un taux de change de 2 cedis pour 1 $ en 2013 à un taux de 11,6 cedis pour 1 $.

Ecofin

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