Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’aspartame est « peut-être » cancérigène. L’additif est pourtant présent dans de très nombreux produits, tout en étant difficile à identifier. Pour autant, l’OMS n’appelle pas à arrêter leur consommation.
Sans sucre, mais pas forcément sans danger. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé vendredi que l’aspartame, un édulcorant artificiel très courant, est « peut-être » cancérogène. L’organisme n’a cependant pas modifié la dose journalière admissible, établie en 1981, 40g par kilogramme, pour une consommation « sans risque ».
Il est pourtant difficile d’identifier cet ingrédient, souvent perdu dans de très longues listes, elles-mêmes cachées à l’arrière des emballages. Tantôt inscrite sous son nom complet « aspartame », la molécule peut aussi se glisser sous l’abréviation « E951 ».
La base de données collaborative « Open foodfacts » permet d’identifier certains produits du quotidien contenant l’additif. Elle est excessivement fournie, avec 16 pages contenant chacune une centaine de produits, soit 1600 références au minimum. A noter, produits sont cependant listés plusieurs fois, comme le Coca zéro, présent sous toutes ses formes.
Coca zéro, pastilles Vichy, Dafalgan
Tout l’intérêt de l’aspartame est son pouvoir sucrant. S’il est aussi calorique que le sucre traditionnel, son pouvoir sucrant est 200 fois plus élevé, la dose nécessaire est donc drastiquement moins importante. Résultat, il s’agit d’un produit utile pour les produits sans sucre, light, ou utilisés lors de perte de poids.
L’aspartame est donc un peu partout. Au rayon soda, il est utilisé dans le Coca-cola zéro (et light), le Sprite zéro, le Pepsi Max, le Cola de marque distributeur, Fanta zéro… Côté bonbons et chewing-gum, on le retrouve dans les pastilles Vichy, certains chewing-gum, les Mentos, les Ricola… Les yaourts, avec certains Actimel, les paniers de Yoplait, les « desserts lactés » d’Elle & Vire.
S’il n’est pas surprenant de retrouver cet additif dans des produits de consommation, il l’est plus d’en retrouver dans des médicaments. Selon le ministère de la Santé, il est présent dans 600 traitements. C’est par exemple le cas du Dafalgan Codéiné, de certaines gélules de calcium ou du sirop Rhinathiol.
« Nous ne conseillons pas aux consommateurs d’arrêter leur consommation »
Les industriels vont-il devoir modifier leurs produits? Les entreprises vont avoir le choix. « Nous ne conseillons pas aux entreprises de retirer leurs produits et nous ne conseillons pas non plus aux consommateurs d’arrêter complètement leur consommation », a déclaré le Docteur Francesco Branca, directeur du département Nutrition, santé et développement de l’OMS, lors de la présentation de deux évaluations.
Même sans contrainte forte, l’industrie alimentaire est généralement sensible à l’avis des consommateurs. Lorsqu’un ingrédient tombe en désuétude, il n’est pas rare que la recette soit adaptée, pour ne pas perdre de clients. Un phénomène accentué par des applications comme Yuka. Elles permettent d’évaluer la qualité des produits alimentaires, et ont déjà entraîné des changements.
C’est notamment le cas d’Intermarché, qui a modifié 900 recettes et retiré 142 additifs potentiellement nocifs de ses produits en 2019.
« Deux tiers des Français qui utilisent Yuka ont depuis douze mois décidé d’abandonner une marque ou un produit », expliquait à l’époque à France Inter Thierry Cotillard, le président d’Intermarché.
Le Nutri-score aurait le même type d’effets. Selon une étude NielsenIQ, les produits les mieux notés sont ceux qui se vendent le plus vite, et vice-versa. L’indicateur n’est cependant indiqué que sur 26% des produits alimentaires. Les édulcorants comme l’aspartame font d’ailleurs baisser la note.
bmftv