L’Ocean Viking immobilisé « pour une durée indéterminée » en Italie

Alors qu’il venait de déposer 57 exilés secourus en mer au port de Civitavecchia, non loin de Rome, le 11 juillet, le navire de SOS Méditerranée, n’a pas eu l’autorisation de repartir en mer. Les autorités italiennes ont identifié des problèmes concernant les « radeaux de survie » du bateau humanitaire. Un « point qui n’avait pourtant jamais été relevé » au cours de sept contrôles précédents, s’étonne l’ONG.

Les autorités italiennes ont immobilisé, depuis le 11 juillet et « pour une durée indéterminée » l’Ocean Viking, le navire humanitaire de SOS Méditerranée, dans le port de Civitavecchia, au nord de Rome.

Selon l’ONG, le contrôle du bateau a révélé un « nombre très limité de déficiences techniques et administratives ». Cette détention « nous empêche de mener nos opérations de sauvetage » de migrants en mer, a dénoncé auprès de l’AFP la directrice et cofondatrice de SOS Méditerranée, Sophie Beau, tout en rappelant le contexte « très délétère » pour les équipes humanitaires. « La mortalité a explosé en mer depuis le début de l’année », a-t-elle insisté.

L’Ocean Viking, qui venait de débarquer dans le port italien 57 personnes secourues le 7 juillet au large de la Libye, a été soumis à une « inspection de contrôle par l’État du port » (inspection des navires étrangers, NDLR) de sept heures.

Le problème identifié lors de l’inspection concerne « les dispositifs d’abandon du navire en cas d’évacuation », c’est-à-dire les radeaux de survie, a détaillé Sophie Beau. « On ne comprend pas pourquoi sur les différents contrôles qui ont pu être apportés jusqu’à présent, ce point n’a jamais été soulevé », a-t-elle relevé, soulignant que l’Ocean Viking avait été soumis depuis quatre ans à pas moins de sept contrôles du même type.

Interrogés par l’AFP sur les raisons de cette immobilisation, les garde-côtes italiens n’ont pas répondu dans l’immédiat.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni, qui compte dans ses rangs le chef de la Ligue anti-migrants Matteo Salvini au poste de vice-Premier ministre, multiplie les mesures pour entraver les activités des ONG de secours aux exilés.

Bruxelles demande que les « ports restent ouverts aux navires des ONG »
Jeudi, cinq ONG (Oxfam Italie, MSF, SOS Humanity, l’Association Études Juridiques sur l’Immigration et Emergency) ont annoncé avoir déposé plainte auprès de Bruxelles contre la loi italienne obligeant un navire humanitaire à se rendre sans délai vers un port assigné après une opération de sauvetage, rendant impossible l’assistance immédiate « à d’autres bateaux en détresse ».

Le jour même, les eurodéputés de Bruxelles ont réclamé l’élaboration d’une « stratégie de recherche et de sauvetage fiable et permanente » des migrants en Méditerranée. Dans une résolution transpartisane, mais dépourvue de caractère contraignant, ils ont demandé aux États que les ports « restent ouverts aux navires des ONG » et à ne pas incriminer « ceux qui portent secours aux migrants en détresse ».

Le Parlement a également demandé à Bruxelles de vérifier si les mesures prises par certains États visant à empêcher l’entrée de navires de secours dans leurs eaux territoriales sont « conformes » au droit international.

Bruxelles a été meurtri et choqué par le naufrage à la mi-juin au large des côtes grecques d’un chalutier qui a fait au moins 600 morts.

Les élus du Parlement européen ont cité les chiffres de l’Organisation internationale pour les Migration (OIM) qui rappelle que plus de 27 000 personnes ont disparu en Méditerranée depuis 2014. « Pour 2023, le chiffre a déjà atteint 1 875 personnes décédées ou disparues », soulignent-ils, exigeant que « tous les naufrages » fassent l’objet « d’enquêtes rapides et indépendantes ».

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