Mohamed Ali : les citations les plus mémorables du « boxeur poète »

(FILES) This file photo taken on October 19, 1974 shows US boxing heavyweight champion Muhammad Ali (born Cassius Clay) 11 days before the heavy weight world championship in Kinshasa. Boxing icon Muhammad Ali died on Friday, June 3, a family spokesman said in a statement. "After a 32-year battle with Parkinson’s disease, Muhammad Ali has passed away at the age of 74," spokesman Bob Gunnell said. / AFP / STRINGER

La légende de la boxe est morte à 74 ans. Icône du sport mondial, il aura aussi marqué l’histoire du XXe siècle avec ses saillies piquantes et souvent égotiques.

Il aura marqué le monde de la boxe de ses poings mais aussi de sa verve. La légende de la boxe Mohamed Ali a perdu, vendredi 3 juin, à 74 ans, son dernier et plus long combat, celui contre la maladie de Parkinson. Icône du sport mondial, personnalité marquante de l’histoire du XXe siècle, il s’est éteint dans un hôpital de Phoenix dans l’Arizona.

L’annonce de sa disparition a aussitôt déclenché une vague d’émotion à travers tous les Etats-Unis, en particulier à Louisville (Kentucky), sa ville natale, où auront lieu ses obsèques. Des hommages appuyés ont été rendus pour célébrer le sportif mais aussi la personnalité qui, pour beaucoup, a marqué l’histoire des Etats-Unis, avec ses saillies piquantes et souvent égotiques.

Au commencement de sa carrière vertigineuse – médaille d’or olympique des mi-lourds (75-81 kg) aux Jeux de Rome en 1960, 108 combats, 100 victoires –, Cassius Clay, surnommé le « boxeur poète », assure déjà :

« Je suis le plus grand. »

Sitôt professionnel, Cassius Clay commence son autopromotion à coup de formules dont la plus fameuse – qui est en réalité de Drew Bundini Brown, l’un de ses entraîneurs et hommes de coin :

« Vole comme le papillon, pique comme l’abeille, et vas-y cogne mon gars, cogne. »

Grâce à son style unique, les bras souvent ballants le long du corps, il conservera son titre mondial jusqu’en 1967, date à laquelle il refuse d’aller faire la guerre au Vietnam, car sa religion le lui interdit. Comme il le proclamait le 17 février 1966 :

« Je n’ai pas de problème avec les Vietcongs. Les Vietcongs sont des Asiatiques noirs. (…) Je ne veux pas avoir à combattre des Noirs. »

Un an plus tard, en 1967, il précise ses propos, lors d’une manifestation contre la guerre du Vietnam à Chicago :

« Dans le ring, il y a un arbitre pour arrêter le combat si un combattant risque d’être trop blessé. La boxe n’a rien à voir avec la guerre et ses mitrailleuses, ses bazookas, ses grenades et ses bombardiers. »

Pour ces propos antimilitaristes, il échappe à la prison mais est interdit de ring, vilipendé par une majorité de l’opinion publique américaine, mais considéré par d’autres comme un pilier de la contre-culture et un champion de la cause des Noirs qui se battent alors pour l’égalité des droits. A propos de la volonté du gouvernement américain de le mettre en prison, il déclare :

« Ils ont fait ce qu’ils pensaient juste, et j’ai fait ce que je pensais juste. »

Déchu de ses titres, interdit de boxer pendant trois ans et demi, Mohamed Ali ne baisse pas la garde. En 1970, on lui réattribue sa licence, un tribunal ayant reconnu qu’une condamnation pour insoumission ne justifiait pas qu’on l’empêche d’exercer son métier. Mohamed Ali peut alors reprendre les combats. Au président des Philippines, Ferdinand Marcos, avant le « Thrilla in Manila », son troisième et dernier combat contre Joe Frazier, le boxeur lance :

« Vous n’êtes pas aussi bête que vous en avez l’air, j’ai vu votre femme. »

Mohamed Ali redevient ensuite champion du monde en 1974, réunifiant les titres WBA et WBC lors de sa victoire par KO, au 8e round, sur George Foreman lors du mythique « Rumble in the jungle » (« combat dans la jungle ») à Kinshasa au Zaïre, aujourd’hui République démocratique du Congo. Ce combat aussi médiatique que spectaculaire dans son organisation et son déroulement marque le sommet de sa carrière. C’est lors de la préparation de ce duel qu’il avait lâché l’une de ses plus mémorables tirades :

« Vous croyez que le monde a été choqué par la démission de Nixon ? Attendez que je botte le cul de George Foreman. Je vole comme le papillon, pique comme l’abeille, ses poings ne peuvent pas toucher ce que ses yeux ne voient pas. Là, tu me vois, là tu me vois pas. George croit qu’il peut, mais je sais qu’il ne peut pas. Je me suis déjà battu contre un alligator, j’ai déjà lutté avec une baleine. La semaine dernière, j’ai tué un rocher, blessé une pierre, et envoyé une brique à l’hôpital. Je suis tellement méchant, je rends la médecine malade. »

En 1984, on lui diagnostique la maladie de Parkinson. L’homme consacre alors son existence à délivrer un message de paix, comme lors d’une interview en 1987 dans laquelle il évoque son rapport à l’islam :

« Il [Dieu] m’a donné la maladie de Parkinson pour me montrer que je n’étais qu’un homme comme les autres, que j’avais des faiblesses, comme tout le monde. C’est tout ce que je suis : un homme. »

En 1996, il apparaît, malade et affaibli par la maladie, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’Atlanta où, tremblant, il avait difficilement embrasé la vasque olympique. En 2005, il avait reçu la médaille présidentielle de la liberté, la plus haute décoration civile aux Etats-Unis.

  • Ses apparitions en public étaient de plus en plus rares ; la dernière remontait à avril dernier à Phoenix lors d’un dîner de charité pour lever des fonds pour la recherche contre la maladie de Parkinson.

Le Monde 

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