L’affaire des sirops indiens pour laquelle près de 66 enfants ont été tués a atterri sur le terrain judiciaire.
Un procès s’est ouvert, ce lundi 17 juillet, en Gambie. Le ministère de la Santé et l’Autorité nationale de régulation du médicament sont dans le box des accusés, après une plainte déposée par 20 familles.
Une procédure lancée après la mort de 66 enfants depuis juin 2022. Selon leurs proches, l’OMS ou encore une enquête américaine, ils seraient décédés après l’ingestion de sirops contre la toux et le rhume fabriqués dans un laboratoire indien. Une photographie montrant des sirops contre la toux, collectés à Banjul, en Gambie, le 6 octobre 2022, qui auraient provoqué la mort de 66 enfants.
L’audience de ce lundi a été courte et vite renvoyée au 24 octobre. Nul doute qu’elle sera suivie tant cette affaire fait scandale en Gambie. Pas encore déterminante, cette première audience était toutefois symboliquement importante dans ce procès très attendu par les familles. La fille de Wury Keïta, âgée de deux ans, est morte après avoir avalé du sirop. Son père était au tribunal, ce lundi, et il garde espoir. « C’est une bonne chose que le procès commence. Nous espérons gagner, même si aller en justice contre un gouvernement corrompu n’a rien de facile », dit-il.
Les avocats de chaque camp se sont exprimés, présentant deux versions opposées. D’un côté, les parties civiles affirment que les sirops contre la toux et le rhume fabriqués par le laboratoire indien Maiden Pharmaceuticals ont tué leurs enfants. Des enquêtes de l’OMS et de chercheurs américains ont appuyé cette thèse. De l’autre, les avocats des autorités estiment que les enfants sont morts à cause d’une eau sale.
« C’est le médicament qui a tué, même les médecins le savent. D’ailleurs depuis que le laboratoire a arrêté ses activités, il n’y a plus de victimes. Le ministère parle de l’eau, mais aucune famille n’a des inondations chez elle », réagit Wury Keita.
Ministère de la Santé et Agence de régulation du médicament sur le banc des accusés
Jamais en Gambie, une plainte collective ne s’était attaquée à d’aussi hautes autorités, selon la presse. Ministère de la Santé et Agence de régulation du médicament sont accusés d’avoir échoué à adapter la loi pour exiger que les produits pharmaceutiques importés soient testés et aussi d’avoir négligé d’inspecter ces quatre sirops mis en cause, des médicaments contre la toux et le rhume fabriqués par un laboratoire indien, Maiden Pharmaceuticals.
L’affaire a éclaté, mi-juillet 2022, quand les autorités sanitaires gambiennes ouvrent une enquête après la mort de 28 enfants, notamment suite à des insuffisances rénales. Des investigations de l’Organisation mondiale de la santé révèlent ensuite que ces quatre sirops sont responsables, car ils contiennent du diéthylène glycol et de l’éthylène glycol, en quantité « inacceptable ».
On retrouve ces deux substances toxiques dans des solvants industriels et des produits antigel. Moins chères, elles sont parfois utilisées par des gens sans scrupules pour remplacer des ingrédients plus sûrs. En mars, une enquête médicale américaine affirme avec quasi-certitude que ces produits sont responsables. Entretemps, le bilan s’alourdit à 70 morts. Les autorités sont mises en cause notamment parce que la Gambie n’a pas de laboratoire pour examiner ce genre de produits importés.
Le fabricant indien, lui, a nié toute responsabilité. Le gouvernement indien a dit avoir testé ces médicaments et a affirmé qu’il n’y avait pas de contamination. En tout cas, les familles réclament 250 000 dollars de dommages et intérêts par enfant mort.
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