Le feu en Grèce et Canada, l’étuve en Italie, en Espagne ou aux Etats-Unis : l’hémisphère Nord suffoque et brûle sous les vagues de chaleur qui doivent s’accentuer le 18 juillet 2023 tandis que la Chine et le Japon connaissent eux aussi des records de températures.
Danger extrême
Après Cerbère, c’est la canicule Charon, du nom du passeur des Enfers, qui enveloppe le littoral nord-méditerranéen. Le plus violent incendie se situe dans la forêt de Dervenohoria à 50 km au nord d’Athènes où opèrent 140 pompiers épaulés de six bombardiers d’eau et d’un hélicoptère. Dans la région balnéaire de Kouvaras, située à 40 km d’Athènes, où un incendie s’est déclaré lundi avant de s’étendre vers les localités voisines d’Anavyssos, Lagonissi et Saronida, plusieurs maisons ont brûlé.
Le 18 juillet des températures allant jusqu’à 40°C sont prévues dans certaines régions de l’ouest du pays mais à Athènes le mercure ne devrait pas dépasser 37°C, selon le service de météo national (Emy). En Italie, 20 villes sont placées en alerte rouge, de Bolzano au pied des Alpes jusqu’à Palerme en Sicile, en passant par Venise, Bologne, Florence, Rome, Naples et Cagliari. La mercure pourrait atteindre 42°C à Rome – le précédent record est de 40,5°C enregistré en août 2007.
« Je savais qu’il ferait chaud, mais pas à ce point. Nous avons la climatisation dans notre Airbnb, alors nous allons faire une longue pause cet après-midi », a témoigné Emily, une touriste britannique de 24 ans visitant la Ville éternelle. L’Italie détient aussi le record de chaleur pour l’Europe continentale, avec 48,8°C mesurés en Sicile le 11 août 2021. Un record que la Sardaigne pourrait approcher ou dépasser ce mardi.
Jeunes et anciens sont les plus à risque et les autorités de l’île ont dû prendre des mesures de précaution particulières pour les protéger de la fournaise. « Nous ne faisons pas faire de sport aux enfants et nous alternons, trois jours à la mer, trois jours en forêt », a expliqué à l’AFP Morgana Cucca, responsable d’un centre à Lanusei, sur la côte sud-est. Pour prévenir la déshydratation, les clients de Teresa Angioni, pharmacienne à Cagliari, « achètent surtout des suppléments de magnésium et de potassium et demandent à mesurer leur tension artérielle, souvent basse ».
Le sud de l’Espagne est aussi écrasé par des chaleurs extrêmes. Plusieurs régions ont été placées mardi en alerte rouge en raison du « danger extrême » induit par la vague de chaleur, alors que les pompiers continuent de lutter contre un incendie ayant ravagé 3.500 hectares dans l’archipel des Canaries.
Selon l’Agence météorologique espagnole (Aemet), les températures devraient osciller entre 38°C et 42°C dans une bonne partie du centre de la péninsule ibérique, et atteindre 43°C voire 44°C dans l’est du pays, notamment en Catalogne, en Aragon et dans l’archipel des Baléares. Même la Suisse alpine est frappé par ces conditions exceptionnelles. Plus de 200 personnes menacées par un important feu de forêt ont ainsi été évacuées dans le sud du pays en raison d’un incendie déclaré lundi dans une forêt au-dessus du village de Bitsch.
En Europe, le réchauffement est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, notent les experts, et les pays méditerranéens en souffrent particulièrement. Selon Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace, spécialisé sur les sciences du climat, s’il n’y a pas de connexion climatique entre les différentes régions du monde, le changement climatique alimente et renforce les phénomènes météo extrêmes partout sur la planète.
« Pour l’Europe du Sud par exemple, c’est un anticyclone très puissant qui, combiné à la faiblesse des vents reste statique et bloque les perturbations. Ces hautes pressions emprisonnent l’air chaud faisant grimper les températures. Cela est alimenté par des vents du sud sur le flanc ouest qui font remonter des masses d’air brûlantes du Sahara », explique-t-il à l’AFP.
Chaleur « oppressante » aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, les services météo observent une vague de chaleur « oppressante » dans le sud et prévoient plusieurs records de températures. Dans la célèbre Vallée de la Mort, en Californie, l’un des endroits les plus chauds de la planète, le thermomètre a affiché 52°C dimanche. Plusieurs feux très violents dans le sud de l’Etat ont entraîné l’évacuation de la population. Le plus important, Rabbit Fire, a brûlé quelque 3.200 hectares. La capitale de l’Arizona, Phoenix, a enchaîné lundi un 18e jour au-dessus de 43°C, égalant son record avec encore 45°C dans l’après-midi. Plusieurs Etats sont menacés par de fortes intempéries, selon le service météo national.
Au Canada, plus de dix millions d’hectares ont déjà brûlé cette année, avec 882 feux toujours actifs lundi, dont 579 considérés comme hors de contrôle, a expliqué le Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC). Deux pompiers sont morts en luttant contre ces mégafeux, ont déploré les autorités.
Coups de chaleur au Japon et en Chine
Le Japon a émis lui des alertes aux coups de chaleur lundi pour 32 de ses 47 préfectures, qui connaissent des températures proches du record absolu de 41,1°C atteint en 2018. « Le climat a clairement changé. Avant, la température (dans la préfecture de Yamanashi, proche de Tokyo) n’atteignait jamais 30°. Maintenant, on les atteint facilement », regrette Tomoya Abe, 50 ans, de retour d’un séjour au camping pour fuir son appartement de la capitale « où la température peut monter à 37° ».
Ce pays fait également face à des pluies torrentielles qui ont fait au moins huit morts. La Chine a quant à elle battu dimanche un record pour une mi-juillet, avec 52,2°C dans la région aride du Xinjiang (ouest).
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