Reccep Tayyip Erdogan est attendu aux Émirats arabes unis, troisième et dernière étape de sa tournée dans les pays du Golfe. Accompagné d’une délégation de 200 dirigeants d’entreprises, le président turc a fait une première escale en Arabie saoudite où des accords dans des domaines comme la défense et l’énergie ont été conclus. Pour cette deuxième visite au royaume saoudien, Recep Tayyip Erdogan poursuit la politique de rapprochement initiée il y a plus d’un an.
De la rivalité au rapprochement. Pendant plus d’une décénie le thermomètre entre Riyad et Ankara a été proche du zéro. Des relations mises à mal avec le déclenchement des printemps arabes. Riyad reprochait alors à la Turquie son soutien aux Frères musulmans, considérés comme une organisation terroriste par le royaume saoudien.
Le fossé s’est encore creusé quand plusieurs pays du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, ont rompu leur relation avec le Qatar. Puis, un an plus tard, en 2018, lors de l’assassinat du journaliste dissident saoudien Jamal Khashoggiau consulat de l’Arabie saoudite à Istanbul. Le royaume nie sa responsabilité, malgré les affirmations contraires des agences de renseignement américaines, qui s’appuyaient notamment sur les éléments fournis par la Turquie.
Aujourd’hui place à la real politik, côté turc, d’autant qu’avec une inflation d’environ 38% et une baisse record de la valeur de sa monnaie. Recep Tayyip Erdogan cherche des appuis économiques que le prince héritier Mohammed ben Salman est prêt à financer, tout en affirmant son rôle d’acteur incontournable dans la région.
Achat de drones trucs
L’Arabie saoudite a annoncé avoir signé plusieurs accords avec Ankara, dont un sur l’achat de fameux drones, vedette de l’industrie de défense turque. Il s’agit du drone TB2 Bayraktar, médiatisé pour son rôle dans la guerre en Ukraine, affirme une source proche du dossier.
Le PDG de l’entreprise Baykar qui le fabrique souligne que c’est le plus gros contrat d’exportation en matière de défense et d’aviation de l’histoire de la République turque. Son montant pourrait donc dépasser 367 millions de dollars payés lors d’un précédent accord, signé en juin avec le Koweit.
Les trois quarts du chiffre d’affaires de l’entreprise sont réalisés à l’international. En 2022, Baykar a exporté pour 1 milliard 180 millions de dollars dans le monde entier.
Performant, le TB2 coûte quatre fois moins cher qu’un drone américain équivalent. C’est la raison pour laquelle il est si populaire en Afrique, en particulier dans le Sahel où le drone turc se révèle très efficace dans la lutte contre le terrorisme. Le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Nigéria, le Togo sont déjà équipés, et le Benin devrait l’être prochainement.
Autres contrats signés à Riyad portent sur les secteurs de l’énergie, des investissements, de la défense et des médias.
rfi