Double championne du monde et championne olympique de football, l’Américaine Megan Rapinoe sera, à n’en pas douter, la star de ce Mondial féminin 2023 qui débute ce 20 juillet à Auckland en Nouvelle-Zélande. Les États-Unis entameront leur campagne contre le Vietnam le 22 juillet, avant d’affronter les Pays-Bas et le Portugal.
Avec la Brésilienne Marta, Megan Rapinoe reste une des joueuses les plus connues au monde. Celle qui a annoncé prendre sa retraite en fin de saison a durant toute sa carrière fait trembler les filets. Lors de la dernière Coupe du monde en France, en 2019, elle avait été sacrée meilleure joueuse et avait décroché ensuite le Ballon d’Or.
À 38 ans, Megan Rapinoe se lance dans un nouveau challenge, un dernier tour de piste avant les adieux. « C’est avec un sentiment profond de paix et de reconnaissance que j’ai décidé que cette saison serait ma dernière à pratiquer ce sport magnifique », écrit-elle sur ses réseaux sociaux, avant de s’apprêter à disputer avec les États-Unis la quatrième Coupe du monde de sa carrière. « Je n’aurais jamais pu imaginer comment le football a façonné et changé à jamais ma vie », a ajouté la talentueuse gauchère qui, avec ses six buts, avait pris une part majeure dans le sacre des Américaines en France.
Une militante
Voix influente de la lutte contre les inégalités, Megan Rapinoe, 199 sélections étalées sur 17 années, est aussi une militante engagée. Militante féministe, en première ligne de la lutte pour les droits des LGBT+ depuis son coming-out en 2012, la co-capitaine de la sélection s’était mis à dos le président américain Donald Trump en 2019. Elle s’était agenouillée pendant l’hymne américain, pour dénoncer les violences policières contre les personnes noires dans le sillage de l’ex-star du football américain (NFL) Colin Kaepernick.
Elle avait d’ailleurs apporté un soutien appuyé au mouvement Black Lives Matter, dans la foulée des manifestations survenues aux États-Unis après la mort de George Floyd, cet Afro-américain asphyxié lors de son interpellation à Minneapolis en mai 2020.
« Il serait irresponsable de ne pas utiliser cette tribune à portée internationale pour essayer de faire bouger les choses », a-t-elle expliqué. Si les spectateurs du Mondial en France il y a quatre ans gardent le souvenir de ses bras grands ouverts pour célébrer ses buts, Rapinoe fait passer ses premiers messages politiques sans complexe. Surtout, elle se fiche du qu’en-dira-t-on et des représailles, contrairement aux joueurs masculins.
Révoltée par l’inégalité salariale entre les sélections masculine et féminine des États-Unis, l’attaquante d’OL Reign, la franchise de Seattle, n’a jamais hésité non plus à attaquer sa fédération, y compris sur le terrain judiciaire. Ce long combat entamé par les quadruples championnes du monde devant les tribunaux dès l’issue du Mondial-2019 n’a abouti qu’en mai 2022 par un accord avec US Soccer instituant une égalité de traitement salarial en sélections.
Le foot, son échappatoire
L’énergie de ses combats, la meneuse de « Team USA » la puise notamment auprès de sa fiancée Sue Bird, ex-star du basket féminin et quintuple championne olympique.
Née le 5 juillet 1985 à Redding, dans le nord rural de la Californie, c’est par son frère Brian, qu’elle « idolâtrait », qu’elle a découvert le foot à l’âge de trois ans. « Je voulais tout faire comme lui », confie-t-elle. Jusqu’à ce que Brian se fasse arrêter à 15 ans pour revente de drogue au lycée. « Le cœur brisé », triste et en colère, le foot est alors devenu son échappatoire.
Le mois dernier, Megan Rapinoe a souligné l’importance du Mondial à venir en Australie et en Nouvelle-Zélande pour la reconnaissance de la pratique féminine du sport. Cette Coupe du monde, a-t-elle dit, est « une vraie opportunité de crever le plafond en termes d’engouement, de médias et de sponsors et plus largement de business autour de ce sport ». « Je pense que maintenant tout le monde est « branché » foot féminin », a-t-elle ajouté, disant entrevoir un « changement de paradigme ».
Après la Coupe du monde, il restera à Megan Rapinoe la fin de la saison de NWSL, qui s’achève en novembre. « Pouvoir jouer une dernière Coupe du monde et une dernière saison en NWSL (le championnat américain) et m’en aller ainsi que je l’ai décidé est une chose extraordinairement spéciale. »
rfi