Des policiers passent devant le site présumé où se trouvent les dépouilles de 47 soldats allemands et d’une Française accusée de collaboration, exécutés en juin 1944 par la résistance locale, à Meymac, en Corrèze, le 27 juin 2023.
Des analyses des sols d’une commune de Corrèze ont permis l’identification d’une zone » pouvant correspondre à une fosse ». En mai, un ancien résistant a révélé que 47 prisonniers de guerre allemands et une Française avaient été exécutés dans cette zone en juin 1944.
Une campagne d’analyse des sols par géoradar menée fin juin à Meymac (Corrèze) pour retrouver les dépouilles de soldats allemands fusillés par la Résistance en 1944 a permis de repérer une possible « fosse », selon la préfecture du département.
Ces fouilles font suite aux révélations d’un ancien résistant, aujourd’hui âgé de 98 ans, qui avait avoué avoir assisté le 12 juin 1944 à l’exécution par ses camarades des Francs tireur partisans (FTP) de 47 prisonniers de guerre allemands et d’une femme française de la Gestapo, tous faits prisonniers le 8 juin à Tulle.
Des résultats qui « semblent probants »
« Les résultats de cette campagne d’analyse des sols semblent probants. Sur l’un des deux sites investigués, il a été constaté une modification de la densité du sol sur une zone rectangulaire de 45 mètres de long sur 10 mètres de large, pouvant correspondre à une fosse », précisent les autorités dans un communiqué diffusé mercredi.
« Des fouilles sont désormais nécessaires pour vérifier si cette zone comporte ou non les dépouilles recherchées », ajoute la préfecture.
Celles-ci devraient être réalisées au cours de la deuxième quinzaine du mois d’août par des archéologues et des spécialistes mandatés par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), avec le soutien technique du VDK, organisme allemand chargé de l’entretien des tombes des guerres allemandes.
Révélations d’un ancien résistant de 98 ans
Le 12 juin 1944, 46 soldats allemands et une Française soupçonnée de collaboration auraient été exécutés sur une colline boisée de Meymac par un groupement local des Francs-tireurs et partisans, d’obédience communiste, d’après le témoignage d’un de ses membres, Edmond Réveil, 98 ans aujourd’hui. L’ancien résistant s’étaient notamment confié au journal La Montagne, au Parisien et à RTL.
« Chaque maquisard avait son bonhomme à tuer. Il y en a, parmi les gars, qui n’ont pas voulu, dont moi », racontait le nonagénaire en mai.
Il expliquait alors que « la femme française, personne ne voulait la tuer. Ils ont tiré au sort… Ce jour-là, il faisait une chaleur terrible. On leur a fait creuser leur propre tombe. Ils ont été tués, on a versé de la chaux sur eux. Je me souviens que ça sentait le sang. On n’en n’a plus jamais reparlé. C’est pas marrant, vous savez, de fusiller quelqu’un ».
De premières fouilles avaient eu lieu secrètement en 1967 pour tenter de retrouver les corps de ces soldats de la Wehrmacht faits prisonniers par la Résistance en Corrèze les 7 et 8 juin 1944 et exécutés peu après les massacres commis par la Division SS Das Reich à Tulle le 9 juin (99 civils pendus) et à Oradour-sur Glane (Haute-Vienne) le 10 juin (643 habitants mitraillés et brûlés dans des granges et l’église du village).
Onze corps avaient alors été exhumés. Les nouvelles recherches ont été lancées dans une zone indiquée par l’ancien résistant Edmond Réveil et un autre témoin qui avait assisté, enfant, aux fouilles effectuées en 1967.
AFP