Les météotsunamis sont provoqués par de brusques changements atmosphériques. Combiné à la montée des eaux, le réchauffement climatique pourrait rendre ces phénomènes plus fréquents et plus dévastateurs.
En 2006, des vagues géantes de cinq mètres de haut ont déferlé sur le port de Ciutadella, sur l’île de Minorque aux Baléares. Les yachts amarrés dans le port se sont écrasés les uns contre les autres, causant des dizaines de millions d’euros de dégâts. Ce tsunami n’a pourtant pas été généré par un tremblement de terre comme à Fukushima, mais par des perturbations atmosphériques. Un événement appelé « météotsunami » ou « tsunami météorologique », ou encore « rissaga » en Espagne. Même s’ils ne sont pas aussi massifs et puissants que les tsunamis classiques, ces météotsunamis peuvent infliger de graves dommages et causer des morts. En 2018, un touriste allemand a ainsi été emporté par une vague à Majorque en Espagne.
This #meteotsunami or #Rissaga occured yesterday in coastal area's of #Menorca and #Mallorca, Spain. These mini tsunami's are generated when there is a huge difference in barometric pressure. pic.twitter.com/0IgRl9E9ju
— Weather & Radar UK/Ireland (@WeatherRadar_UK) July 17, 2018
Des phénomènes rares et très localisés
Les météotsunamis sont dus à des changements de pression soudains, par exemple devant un front froid d’orage violent. Cette perturbation provoque des vagues à la surface de l’eau, soit en « tirant » la surface de la mer dans le cas des zones de basse pression, soit en « poussant vers le bas » dans le cas de haute pression. Ces mouvements sont ensuite amplifiés par divers phénomènes de résoance au fur et à mesure que la vague s’approche des côtes.
Le saviez-vous ?
Il est difficile d’identifier un météotsunami car ses caractéristiques sont presque impossibles à distinguer d’un tsunami sismique. Ils sont aussi fréquemment confondus avec les seiches (oscillations de l’eau induites par le vent et qui restent stationnaires).
Les météotsunamis sont relativement rares mais se produisent dans de nombreux endroits du monde, dont les Grands Lacs, le golfe du Mexique, la côte Atlantique, la mer Méditerranée ou la mer Adriatique. Selon la NOAA (Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique), il se produit environ 25 météotsunamis par an le long des côtes des États-Unis, mais la majorité d’entre eux sont de petite ampleur. « Les vagues potentiellement dangereuses susceptibles de causer des dommages ou des blessures ne surviennent qu’environ une fois par an », relativise l’océanographe Greg Dusek.
Contrairement aux ondes de tempête, les météotsunamis sont extrêmement difficiles à prévoir. « Tout peut sembler calme en surface alors que dans les niveaux plus élevés de l’atmosphère, il se passe des phénomènes énergétiques importants », décrit Jadranka Šepić, professeur adjoint et météorologue à l’Université de Split, en Croatie. Le chercheur dirige un projet de l’Union européenne nommé SHExreme qui vise à étudier l’influence du changement climatique sur les météotsunamis. « Nous savons qu’un niveau plus élevé de la mer induit des vagues plus dangereuses. La question est de savoir si les perturbations atmosphériques vont se produire plus ou moins souvent. Si elles sont moins fréquentes, les deux phénomènes vont s’annuler, mais si ces changements sont défavorables, vous aurez des météotsunamis plus susceptibles de se produire et plus dévastateurs », avertit Jadranka Šepić.
Une augmentation de 30 % des jours favorables aux météotsunamis
L’équipe du projet SHExtreme a montré que les météotsunamis méditerranéens ont tendance à être plus forts en été. « Des vents rapides d’air sec en provenance d’Afrique peuvent traverser l’atmosphère à environ 1.500 mètres d’altitude et c’est ce qui semble déclencher les vagues atmosphériques », explique Jadranka Šepić. Or, ces vents de haute altitude pourraient être amplifiés par le réchauffement climatique. « Dans le pire scénario, on note une augmentation de 30 % du nombre de jours favorables aux météotsunamis aux Baléares », indique le chercheur. Des tempêtes plus violentes pourraient également favoriser ces météotsunamis.
Le phénomène n’est hélas pas limité à la Méditerranée. En 2017, des météotsunamis ont été enregistrés pour la première fois dans le golfe Persique à la suite d’un cyclone tropical, où des vagues allant jusqu’à deux mètres ont tué cinq personnes et parcouru environ un kilomètre à l’intérieur des terres le long de la côte iranienne. Une étude de 2020 montre également une augmentation inquiétante de la fréquence des météotsunamis au Royaume-Uni sur les 10 dernières années. À défaut d’agir sur l’atmosphère, les scientifiques espèrent affiner les modèles pour mieux prévoir les météotsunamis potentiellement dangereux.
Source: futura6sciences.com