Des chercheurs de l’université de Lund (Suède) ont démontré que la maladie à corps de Lewy peut être détectée avant l’apparition des symptômes, grâce à une analyse du liquide céphalo-rachidien.
Deux études publiées dans la revue Nature Medicine se sont intéressées au diagnostic précoce de la maladie à corps de Lewy, la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. Ses symptômes rendent la vie difficile pour la personne malade et son entourage. La maladie peut se manifester par des troubles cognitifs (troubles de l’attention, changements d’humeur, perte des capacités cognitives…), des changements imprévisibles dans la concentration ou encore l’éveil, des hallucinations, des troubles moteurs et des troubles du sommeil.
La maladie à corps de Lewy est provoquée par des dépôts anormaux d’une protéine appelée alpha-synucléine qui se forment à l’intérieur des cellules cérébrales. On appelle ces dépôts les corps de Lewy. Ce sont eux qui altèrent les cellules nerveuses et déclenchent les symptômes caractéristiques de la maladie.
La dimunition de l’odorat, un signe avant-coureur de la maladie
Jusqu’à très récemment, il était impossible de savoir avec certitude si une personne souffrant de troubles du mouvement ou de troubles cognitifs avait des corps de Lewy dans le cerveau avant sa mort. Seul l’examen de son cerveau après le décès permettait de le vérifier. Mais désormais, il est possible de détecter les corps de Lewy grâce à l’analyse du liquide céphalo-rachidien.
Les études publiées dans Nature Medicine ont complété le travail d’une vaste étude menée sur plus de 1100 personnes ne présentant aucun symptôme cognitif ou moteur au début de l’étude. L’analyse de leur liquide céphalo-rachidien a révélé que 10% d’entre elles présentaient des corps de Lewy dans leur cerveau. Ce qui signifie que la maladie à corps de Lewy peut être détectée bien avant l’apparition des premiers symptômes.
“Même si les participants ne présentaient aucun trouble cognitif ou neurologique au début de l’étude, nous avons remarqué que ceux qui avaient des corps de Lewy dans leur cerveau ont vu leurs fonctions cognitives décliner de façon importante avec le temps. Ces personnes ont également développé la maladie de Parkinson ou la démence à corps de Lewy dans les années qui ont suivi”, a déclaré le Pr Oskar Hansson, professeur de neurologie à l’université de Lund et co-auteur des deux études.
Mais ce n’est pas tout. Ces études ont également montré que la présence de corps de Lewy dans le cerveau est associée à une diminution de l’odorat, bien avant l’apparition des premiers symptômes de la maladie. Selon les chercheurs, l’odorat de ces patients se détériore à mesure que la maladie progresse.
“Ce lien est si évident qu’il serait légitime de tester l’odorat des personnes âgées de plus de 60 ans avant de procéder à une analyse du liquide céphalo-rachidien pour celles qui veulent savoir si elles sont atteintes de la maladie à corps de Lewy à un stade précoce”, a expliqué Oskar Hansson.
Plaques amyloïdes + corps de Lewy = progression rapide de la maladie
Plusieurs médicaments ciblant les corps de Lewy sont actuellement à l’étude pour ralentir la progression de la maladie. Il est probable que ces médicaments soient plus efficaces s’ils sont administrés à un stade précoce de la maladie. “Les personnes sans symptômes de la maladie qui se plaignent d’une diminution de leur odorat et et ont été testées positives aux corps de Lewy pourraient intégrer des essais cliniques visant à développer de nouveaux médicaments capables de ralentir la progression de la maladie à corps de Lewy”, a fait savoir Oskar Hansson.
Autre découverte importante révélée par ces deux études : les personnes qui en plus d’avoir des corps de Lewy, présentent des plaques amyloïdes et la protéine tau dans leur cerveau sont plus susceptibles de souffrir d’une évolution rapide de la maladie à corps de Lewy. Ce qui suggère que ces différents changements dans le cerveau interagissent et constituent un élément décisif dans l’estimation du pronostic du patient.
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