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Les bureaux d’études estiment que le billet vert devrait s’affaiblir dans les prochains mois. L’euro pourrait ainsi se retrouver au contact d’1,15 dollar voire 1,20 dollar.

Après avoir alterné cette année plusieurs phases de baisses et de hausses face au billet vert, l’euro a dernièrement repris du terrain. Sur un mois, la devise de la zone euro a regagné 1,7% (*) face au dollar, et évolue désormais à 1,1154 dollar et a même dépassé récemment 1,1240 dollar, un niveau inédit depuis février 2022. Et sur l’ensemble de l’année l’euro gagne près de 4,2% face au billet vert (et plus de 9% sur un an).

Au-delà de l’euro, l’indice DXY, qui mesure l’évolution de la devise d’outre-Atlantique face à un panier de monnaies, abandonne 2,8% depuis le 1er janvier.

Pour revenir à la paire euro-dollar, la hausse a surtout été déclenchée la semaine dernière par les chiffres de l’inflation aux Etats-Unis pour le mois de juin, nettement inférieurs aux attentes que ce soit au niveau du chiffre global comme de l’indice « core » (hors prix alimentaires et de l’énergie).

Des anticipations de marchés modifiées
Ce qui a amené les opérateurs de marché à réviser leurs anticipations de hausses de taux de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed). Si, pour la semaine prochaine, un nouveau relèvement des taux directeurs de 25 points de base (0,25 point) apparaît déjà acté par le marché – les investisseurs tablent à 99,8% sur ce scénario selon l’outil FedWatch du CME Group – les débats sont plus ouverts pour la suite. Toujours selon l’outil FedWatch, les opérateurs attribuent une probabilité de plus de 80% à un statu quo sur les taux lors de la réunion suivante, en septembre. L’idée d’une baisse au cours de l’année commence même tout doucement à paraître possible aux yeux du marché.

« Cela (la parution des chiffres de l’inflation de la semaine dernière) n’empêchera peut-être pas la Fed de relever encore ses taux de 25 points de base lors de sa réunion du 26 juillet, mais cela augmente la probabilité que ce soit la dernière hausse de taux de ce cycle », résume le spécialiste des paiements MoneyCorp.

C’est également à la suite de ces statistiques que plusieurs analystes ont conseillé ou confirmé d’acheter l’euro face au dollar.

« L’inflation américaine est la dernière preuve que nous attendions pour recommander une position longue sur l’eurodollar. Nous visons 1,1500 » dollar pour un euro d’ici à la fin 2023, a expliqué Georges Saravelos, co-directeur de la recherche sur les devises chez Deutsche Bank, dans une note parue la semaine dernière. Le spécialiste estime par ailleurs « tout à fait possible » que l’euro évolue dans une fourchette allant de 1,15 dollar à 1,20 dollar d’ici à la fin de l’année.

UBS pour sa part anticipe pour sa part un eurodollar à 1,14 à fin décembre, puis 1,16 à fin mars 2024 et 1,18 à fin juin de la même année.

Divergence de politique monétaire
Les anticipations des analystes se basent surtout sur le fait que le ralentissement de la hausse des prix montre que les Etats-Unis sont désormais très proches de la fin du cycle de resserrement monétaire voire d’une prochaine baisse de taux, ce qui est moins le cas de la zone euro avec la Banque centrale européenne (BCE). « La période d’incertitude, au cours de laquelle les marchés ont réévalué le taux terminal (de la Fed, NDLR) à plusieurs reprises, devrait se terminer bientôt », a jugé UBS. En conséquence, les prévisions de la banque suisse reflètent l’idée que « le dollar devrait s’affaiblir alors que la Fed devrait commencer » à appuyer sur la pédale de frein au niveau de politique monétaire » tandis que « la BCE restera restrictive ».

Pour Deutsche Bank, le processus de désinflation, c’est-à-dire d’une baisse de l’inflation (à ne pas confondre avec la déflation, qui correspond, elle, à une baisse généralisée des prix) est « en bonne voie ». « Nous soutenons que l’issue la plus défavorable pour le dollar est la combinaison d’une baisse de l’inflation américaine et de conditions de croissance relativement stables. Dans un monde où l’offre s’améliore, ces deux phénomènes peuvent se produire simultanément », ajoute l’établissement allemand.

Une dégradation de la conjoncture mondiale, si elle avait lieu, pourrait toutefois affaiblir l’euro face au dollar ou plus exactement renforcer la devise américaine, car cette dernière bénéficierait de son statut de valeur refuge. C’est en tout cas l’hypothèse formulée par Capital Economics. Le think tank pense que l’ensemble des économies développée se dirigent vers une récession cette année. Ce qui pénaliserait les actifs risqués comme les actions mais aussi la plupart des devises.

« Même la récession relativement légère que nous prévoyons pourrait donc entraîner une détérioration significative de l’appétit des investisseurs pour le risque. C’est pourquoi nous continuons à prévoir des résultats assez médiocres pour les actions jusqu’à la fin de l’année et pensons que le dollar américain, valeur refuge, se redressera », anticipe ainsi Capital Economics.

BFM Bourse

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