Le Groupe de la Banque mondiale répartit les économies du monde en quatre groupes : faible revenu, revenu intermédiaire de la tranche inférieure, revenu intermédiaire de la tranche supérieure et revenu élevé.
Selon le document parcouru par le Journal de l’économie sénégalaise (Lejecos), cette classification est actualisée chaque année le 1er juillet, en fonction du Rnb par habitant de l’année calendaire précédente.
«La classification de la Banque mondiale vise à rendre compte du niveau de développement d’un pays en utilisant comme référence l’estimation de son RNB par habitant selon la méthode de l’Atlas, qui constitue un indicateur de capacité économique courant et largement disponible », explique-t-on.
La classification des pays a considérablement évolué depuis la fin des années 1980. En 1987, 30 % des pays étaient classés dans la catégorie des économies à faible revenu, contre 12 % seulement en 2022. L’ascension des pays vers des catégories de revenu supérieures présente toutefois de fortes disparités régionales : la proportion de pays à faible revenu est ainsi passée de 74 à 46 % pour l’Afrique subsaharienne, de 26 à 3 % pour l’Asie de l’Est-Pacifique, et de 100 à 13 % en Asie du Sud. Le graphique ci-dessus illustre cette évolution dans chaque région du monde.
Selon la Banque mondiale, l’évolution de la classification des pays s’explique par deux facteurs statistiques : les variations du Rnb par habitant : Dans chaque pays, la croissance économique, l’inflation, les taux de change et l’évolution démographique sont autant de facteurs qui influent sur le RNB par habitant (méthode de l’Atlas). Il y a aussi les ajustements des seuils de classification des revenus : pour que les seuils de classification des revenus restent fixes en termes réels, ils sont ajustés chaque année en fonction de l’inflation, à l’aide du déflateur du droit de tirage spécial (Dts) (a), qui est une moyenne pondérée des déflateurs du PIB de la Chine, du Japon, du Royaume-Uni, des États-Unis et de la zone euro. Les nouveaux seuils du RNB par habitant sont indiqués ci-dessous.
«Comme on pouvait s’y attendre, compte tenu de la poursuite du redémarrage des économies après la pandémie, la quasi-totalité des pays qui ont changé de groupe de revenu en 2022 se sont hissés à une catégorie supérieure. Environ 80 % des pays ont enregistré une amélioration de leur Rnb par habitant par rapport à la période pré-Covid (2019) », ajoute la même source.
Le Guyana et les Samoa américaines passent cette année de la catégorie des économies à revenu intermédiaire supérieur à celle des économies à revenu élevé. Au Guyana, la forte augmentation du Rnb par habitant s’explique par la hausse du volume de la production de pétrole et de gaz, qui a plus que doublé en 2022, encore amplifiée par les prix élevés des hydrocarbures. Et, en dépit d’une augmentation importante des flux de revenus primaires sortants, le Rnb du Guyana a bondi de 86,2 % en termes nominaux, ce qui a entraîné une progression de 60 % du Rnb par habitant (méthode de l’Atlas).
Dans les Samoa américaines, la progression du Rnb par habitant est principalement due à une révision à la baisse substantielle (-18,3%) des estimations du nombre d’habitants réalisées par la Division de la population des Nations Unies à partir des données du recensement de 2020.
La Guinée et la Zambie sont toutes deux passées de la catégorie des pays à faible revenu à celle des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Malgré l’instabilité politique et les ruptures d’approvisionnement dans l’agriculture, l’économie guinéenne a progressé de 4,7 % en 2022, à la faveur des bonnes performances du secteur minier. La croissance économique de la Zambie a atteint 4,7 % en 2022 ce qui, conjugué à une inflation de 8,6 % (mesurée par le déflateur du PIB), s’est traduit en termes nominaux par une augmentation de 17,7 % du RNB et une hausse de 13,6 % du Rnb par habitant (méthode de l’Atlas).
La Jordanie est le seul pays à avoir été rétrogradé cette année (de la catégorie intermédiaire supérieure à inférieure), en raison d’une importante révision à la hausse (+8,6 %) des estimations démographiques publiées par la Division de la population des Nations Unies et tenant compte des données du dernier recensement de la population.
Au Salvador, en Indonésie et en Cisjordanie-Gaza, le Rnb en 2021 était déjà très proche du seuil de revenu intermédiaire supérieur, ce qui a permis à ces économies de se hisser cette année dans cette catégorie malgré une croissance modeste de leur Pib en 2022. La croissance du Pib réel est ressortie à 2,6 % en El Salvador et à 5,3 % en Indonésie, où l’économie a continué à consolider sa reprise après la pandémie. Quant à la Cisjordanie et Gaza, qui avait connu une forte croissance post-Covid en 2021 (7,9 %), une progression du PIB de 3,9 % en 2022 a été suffisante pour franchir le seuil de la catégorie des économies à revenu intermédiaire supérieur.
Actu-Economie