Un expert estime que Twitter a « 100 % de chances » d’être attaqué en justice par rapport à son nouveau nom. Mais cela n’aura probablement pas d’impact majeur sur le changement d’image du réseau, même s’il va peut-être devoir jouer des coudes.
Depuis qu’il a racheté le réseau à l’oiseau bleu, Elon Musk n’a jamais caché son ambition de transformer Twitter en profondeur. Cela a commencé par de grands changements techniques, comme l’offre payante Blue qui a tant fait jaser, l’intégration des notes de contexte ou la nouvelle approche de la monétisation qui est entrée en vigueur récemment.
Désormais, le réseau social arrive dans la seconde phase de cette évolution. Il est en train de changer complètement d’identité, et cela passe notamment par un changement de nom et de logo : terminé Twitter et l’iconique oiseau bleu, place à X. Mais selon plusieurs sources, dont Reuters et le Business Insider, cette transition pourrait être beaucoup plus compliquée que prévu, et cette affaire pourrait déboucher sur une véritable guerre judiciaire à grande échelle.
Le “X” déjà utilisé dans plus de 900 marques déposées
En effet, le X semble très prisé par les marques de l’autre côté de l’Atlantique. Selon Josh Gerben, un avocat spécialisé dans le droit des marques interviewé par Reuters, le nom « X » a déjà été déposé par près de 900 entités dans des tas d’industries différentes.
Ces enregistrements couvrent ce que les avocats spécialisés appellent des « identifiants de source ». Il peut s’agir d’un symbole utilisé comme logo, d’un slogan, ou encore d’un nom de marque que les clients associent à une entreprise.
Plusieurs entités peuvent donc utiliser la même lettre, mais à une condition. Pour les enregistrer auprès de l’US Patent and Trademark Office, qui gère le dépôt des marques aux États-Unis, ils doivent être suffisamment uniques et distinctifs pour qu’il n’existe aucune ambiguïté entre ces différents produits et services.
En revanche, si une de ces entreprises estime qu’une autre marque pourrait générer une certaine confusion susceptible de nuire à son image auprès du grand public, elle a la possibilité de lui intenter un procès pour protéger ses intérêts. Et selon plusieurs experts, c’est exactement ce à quoi Twitter s’est exposé en optant pour un nom aussi générique.
Parmi ces centaines de noms, on ne trouve pas seulement des startup obscures. Il y a aussi de véritables titans du numérique qui pourraient éventuellement opposer une résistance significative. Par exemple, selon Reuters, Microsoft détient déjà des droits sur la marque « X » depuis 2003, afin de couvrir « certaines communications liées à son écosystème Xbox ».
Cela concerne aussi Meta, qui a déposé la marque au niveau fédéral en 2019 pour protéger un symbole bleu et blanc. Ce dernier a depuis été abandonné au profit d’un autre pictogramme basé sur le symbole de l’infini, ce fameux « 8 à l’horizontale » qui est depuis devenu le logo de la marque.
Selon Gerben, il est donc très improbable que cette coïncidence débouche sur un procès. Même chose pour Microsoft, qui ne va « probablement » pas attaquer Twitter pour cette raison. Mais tout dépendra de l’appréciation des différentes parties concernées.
Au bout du compte, l’expert estime tout de même qu’il y a « 100 % de chances que Twitter soit attaqué en justice par quelqu’un sur ce terrain ».
En ce qui concerne les centaines d’autres entreprises, Twitter n’aura probablement pas à se soucier des petits poucets. En cas de litige, ces affaires pourront probablement se régler à l’amiable moyennant finances. Mais quoi qu’il en soit, le réseau avance en terrain miné.
Il conviendra donc de garder un œil sur cette situation qui pourrait éventuellement mettre quelques bâtons dans les roues d’Elon Musk au moment de finaliser cette grande mutation, même si cela ne l’empêchera certainement pas d’arriver à ses fins.