La VAR au Mondial féminin : mieux vaut retard que jamais

Lancée en 2016 par la FIFA, la VAR n’a fait sa complète apparition que le 20 juillet dernier dans une compétition internationale féminine, à l’occasion de l’ouverture de la Coupe du monde. Pourquoi ce retard ?

En quittant le terrain à l’heure de jeu, cet après-midi du 21 septembre 2016, Anouar Kali est entré dans l’histoire un peu malgré lui. Défait par l’Ajax ce jour-là (5-1), le milieu de terrain de Willem II est en effet devenu la première victime de la VAR dans le football professionnel, expulsé par Monsieur Danny Makkelie après visionnage de sa faute.

Un fait aujourd’hui commun pour tous les observateurs du ballon pratiqué par les hommes, habitués à voir les officiels pointer l’index sur l’oreillette, attendre quelques minutes, puis dessiner un rectangle avec les mains pour annoncer leur décision. Un privilège masculin oui, puisque chez les filles, le progrès a – comme dans plein d’autres domaines – pris son temps.

À l’occasion de cette Coupe du monde féminine 2023, la FIFA a pourtant décidé de franchir deux caps : installation d’une VAR complète et communication des décisions prises par l’arbitre avec le public, grâce à un micro relié aux enceintes du stade.

Testée chez les hommes durant le Mondial des clubs disputé au Maroc en février – avec quelques problèmes de son tout de même –, cette dernière initiative a été étrennée dès le match d’ouverture opposant la Nouvelle-Zélande à la Norvège (1-0), avec un penalty sifflé et annoncé par Madame Yoshimi Yamashita aux 42 000 spectateurs présents à l’Eden Park d’Auckland.

L’objectif étant de créer une proximité – pour le moment inexistante – avec les supporters et provisoirement occulter le débat sur la sonorisation des arbitres durant les rencontres.

Une VAR complète, chef
Mais alors, pourquoi parler de VAR « complète » ? Car il s’agit tout simplement du premier dispositif d’assistance vidéo utilisant un équipement similaire au football masculin. Ainsi, à l’occasion de l’Euro 2022 et tandis que la VAR était appliquée sur l’ensemble du tournoi, les arbitres n’avaient par exemple accès qu’à 22 écrans dans le camion de surveillance, contre 42 chez les hommes.

Un travail réduit de moitié, engendrant évidemment une altération du jugement arbitral. Interrogée sur le sujet, la milieu de terrain suédoise Kosovare Asllani n’avait d’ailleurs pas caché son mécontentement : « Avoir 50 % de caméras en moins dans un Euro féminin par rapport à l’équivalent masculin est une catastrophe ! Les décisions ne peuvent pas être prises avec la même précision. Le football féminin doit évoluer, et cela passe par ce type d’initiatives. »

En réponse, l’UEFA a dégainé un communiqué justifiant à peine ses lacunes : « Les moyens télévisuels mis à disposition de l’Euro féminin 2022 sont comparables à la production standard de la Ligue des champions masculine. Le nombre de caméras de la VAR est d’ailleurs plus important qu’en Ligue des champions masculine. »

L’UEFA omet surtout de préciser qu’avec 157 rencontres à couvrir sur la Ligue des champions masculine (en incluant le troisième tour préliminaire et les barrages, également équipés), contre 31 ou 64 pour un Euro et une Coupe du monde féminine, les moyens déployés sont tout de même proportionnellement supérieurs chez les mecs en nombre de caméras.

Nous voici donc en 2023, avec un système technologique enfin opérationnel et une équité sportive partiellement rétablie. En effet, si certaines joueuses et arbitres européennes sont habituées au fonctionnement de la VAR via la phase finale de C1, pour d’autres nations, il s’agira d’une pleine découverte.

Ce Mondial prend donc des allures de galop d’essai, avec un temps d’adaptation à prendre en compte, tant dans la formation arbitrale que dans l’évolution des relations entre athlètes et officiels. Qui sera beaucoup moins long que la validation d’un but, cela dit.

sofoot

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