ENTRETIEN. Paris 2024 : Sécurité, inclusion des athlètes russes, Kylian Mbappé… Thomas Bach fait le point à un an des JO

Thomas Bach, le Président du Comité international olympique s’est entretenu en exclusivité avec Fabien Lévêque. Le président du CIO évoque l’organisation des Jeux Olympiques, Léon Marchand ainsi que la potentielle participation de Kylian Mbappé aux Jeux de Paris 2024.

Le président du CIO a accordé une interview à Tout le Sport, mercredi, à un an jour pour jour des Jeux olympiques.
A un an des Jeux olympiques de Paris 2024, Thomas Bach a fait le point mercredi 26 juillet au micro de Tout le Sport. Le président du Comité intertational olympique a évoqué plusieurs sujets, des problématiques sécuritaires, à l’inclusion des athlètes russes et biélorusses, en passant par l’évocation de cas personnels, dont celui de Kylian Mbappé.

Est-ce que ce sera pour vous l’événement du siècle ?

Thomas Bach : Du siècle ? Je ne sais pas encore, il dure encore quelques décennies. Ce sera un événement brillant et tout le monde a de grandes attentes. Après la pandémie, les gens veulent se réunir et célébrer ces Jeux. Ce sera au moins l’événement de la décennie.

Vous êtes à Paris depuis deux jours. Est-ce que vous pensez que ces Jeux seront grandioses ?

Oui parce que tous les ingrédients sont réunis. Ces Jeux ont été planifiés selon la réforme de l’agenda olympique. On va vivre des Jeux inclusifs, des Jeux durables, des Jeux urbains, des Jeux jeunes. Le CIO a alloué les mêmes quotas pour les athlètes féminines et masculins. Ce sont aussi les premiers Jeux de parité entre les genres. Et puis, il y a Paris…

La Tour Eiffel, les Invalides, Versailles… Ca s’annonce extraordinaire…

A notre époque, le sport doit aller là où les gens se trouvent. On n’est plus à ce temps où on construisait un stade ailleurs en attendant que les gens se déplacent. Il faut aller là où les jeunes se trouvent, soit dans le monde réel, soit dans le monde virtuel. Il faut que l’on soit inclusifs pour que les gens ne soient pas simplement spectateurs, mais qu’ils participent aux Jeux. Le Cojo a parfaitement fait ce qu’il fallait avec le marathon pour tous, le programme Terre de Jeux… C’est une nouvelle expérience pour tout le monde.

Etre à Paris, est-ce que cela donne une dimension particulière aux Jeux olympiques ?

C’est la ville natale de notre fondateur Pierre de Coubertin. La ville lumière donne une ambiance unique à chaque événement et en particulier aux Jeux olympiques, parce que ça fait maintenant 100 ans qu’ils n’étaient pas revenus ici. Il y a tous ces atouts que Paris peut offrir. Il y a d’abord les Français qui aiment tellement le sport mais aussi le décor : la Tour Eiffel, la place de la Concorde, sans oublier la cérémonie d’ouverture sur la Seine… Ca me déjà donne des frissons.

Parmi les héros français attendus, il y a Léon Marchand. Est-ce que vous pensez qu’il peut marquer autant l’histoire des Jeux que Michael Phelps ?

Il ne faut pas mettre trop de pression sur lui. C’est grandiose son record du monde, mais trop de pression médiatique ça peut changer des choses. Célébrez maintenant Marchand mais après laissez-le se préparer tranquillement pour les Jeux.

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 seront réussis si…
Est-ce que vous souhaitez que Kylian Mbappé soit présent ?

Je souhaite oui. Je n’ai rien à ajouter. On sait tous que c’est un grand fan des Jeux olympiques. Il veut absolument les jouer. J’espère que personne ne va l’empêcher de vivre son rêve. On a vu Lionel Messi être champion olympique en plus d’être champion du monde. Je souhaite à Kylian Mbappé qu’il ait aussi la chance de vivre cette expérience.

Vous savez qu’il faudra l’accord du Paris Saint-Germain, ou du Real Madrid peut-être pour qu’il soit présent…

Ou d’un autre club… Je ne vais pas m’en mêler.

On a beaucoup parlé des questions de sécurité. Il y a eu le fiasco de la finale de Ligue des champions en 2022. Il y a eu les émeutes il y a un mois. Est-ce un sujet d’inquiétude ?

C’est un sujet qu’il faut toujours considérer. Mais on n’a pas de vraie inquiétude. On a pleine confiance dans les autorités françaises. Elles nous informent régulièrement. Elles ont tiré les leçons des incidents du Stade de France. Elles prennent la sécurité très au sérieux. C’est malheureusement un défi pour chaque grand événement. Les Jeux sont dans un an. Personne n’est parfait. Il faut toujours apprendre, s’améliorer et reconnaître les défis d’abord. Ce qui nous impressionne en France c’est que toutes les parties prenantes identifient ces défis. C’est le premier pas le plus important.

Autre inquiétude, le surcoût des Jeux olympiques. La Cour des Comptes a exprimé ses doutes. On parle d’un surcoût d’un milliard d’euros. Est-ce que l’addition des Jeux olympiques est trop salée ?

Non. Paris 2024 montre qu’on peut organiser des Jeux olympiques avec un budget équilibré. Vous avez vu ces derniers jours comme le Cojo a travaillé avec grand succès avec l’économie française. Paris peut être un modèle pour des futurs Jeux. C’est complètement dans la ligne de la politique du CIO et de la réforme de l’agenda olympique. Il y a deux mots clés : des Jeux durables mais aussi faisables. Ici, 95% des sites existaient déjà.

Les athlètes russes et biélorusses seront-ils là l’an prochain ?

On verra, on n’a pas pris de décision. Il y a beaucoup de championnats du monde ou d’Europe où beaucoup d’athlètes neutres sont venus. On va voir comment ça se développe. Nous sommes dans une situation où le gouvernement russe nous dit qu’il faut ignorer la guerre et que les conditions que nous fixons sont humiliantes et discriminatoires. De l’autre côté, le même gouvernement essaie d’organiser des événements. C’est un peu cynique. Nous avons le gouvernement ukrainien qui veut que chaque citoyen russe soit totalement isolé.

À un an des Jeux olympiques de Paris 2024, la préparation de cet événement planétaire bat son plein. Tout Le Sport fait le point sur ce qu’il faut savoir concernant la préparation de cet évènement hors norme.

Les deux positions sont impossibles à concilier. On ne peut pas ignorer la guerre. C’est une infraction de la trêve olympique et de la charte. Mais, d’un autre côté, les droits de l’homme et la même charte olympique ne permettent pas de discriminer quelqu’un en fonction de son passeport.

C’est pourquoi nous avons donné ces recommandations très strictes : aucun athlète qui soutient la guerre ou qui a un lien avec les forces militaires russes ne pourra participer. Les athlètes neutres pourront participer mais n’auront ni drapeau ni hymne.

Y a-t-il une deadline ?

On ne va pas mettre de deadline. On veut voir si tout le monde respecte la lettre et l’esprit de ces conditions strictes. Une deadline pourrait pousser les gens à se comporter très bien jusqu’à un moment donné. Après, ils vont trouver un moyen de contourner ces conditions strictes. On va prendre cette décision au bon moment

Etes-vous favorable à la candidature de la France pour les Jeux d’hiver 2030 ?

Je ne peux pas m’exprimer là-dessus. Chaque candidature qui peut accueillir les Jeux sur 100% de sites existants a un avantage. Ce sont les conditions de l’agenda olympique. Je ne peux pas aller plus loin. On a beaucoup apprécié cette candidature, qu’elle soit soutenue par les régions, le président de la République et le mouvement sportif.

Les Jeux à Paris, dans la ville de l’amour, qu’est-ce que ça vous évoque ?

J’ai beaucoup de souvenirs, mais c’est très personnel. Pour moi, c’est surtout la ville lumière. C’est un symbole de paix, des droits de l’homme, de la culture européenne. C’est pourquoi nous avons tous ces attentes très grandes.

franceinfo

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