Une femme de 36 ans en Afrique du Sud, séropositive, a été infectée par le SARS-CoV-2. L’occasion pour les médecins d’en apprendre plus sur le comportement du coronavirus chez ces patients immunodéprimés.
C’est un cas assez rare que décrivent les médecins de l’université de KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud. Une femme de 36 ans, positive au VH et traitée avec des antirétroviraux depuis 2006, s’est présentée dans un hôpital sud-africain avec la gorge sèche, une toux et une dypnée. Dès son arrivée, elle est testée positive au coronavirus (le variant bêta) et est soignée selon la procédure standard avec une oxygénothérapie et un traitement à la dexaméthasone pendant six jours. À l’issu du 9e jour, elle rentre chez elle.
Mais, entre-temps, les chercheurs l’ont convaincue de participer à une étude prospective qui s’intéresse à l’évolution du coronavirus chez les patients atteints par le VIH. Pendant 233 jours, soit plus de 7 mois, les médecins ont suivi de près l’évolution du virus dans son organisme et les résultats, encore en pré-publication, sont étonnants !
Durant les 7 mois de l’étude, les médecins ont réalisé à intervalles réguliers des prélèvements nasopharyngés. Ils sont restés positifs jusqu’au 216e jour, c’est-à-dire que le coronavirus se répliquait activement pendant six mois dans l’organisme de la patiente à des niveaux plus ou moins élevés (les Ct compris entre 16,4 et 31,6). L’état de santé de la patiente a aussi fluctué. Un mois après son admission à l’hôpital, elle ne présentait aucun symptôme. Deux mois plus tard, elle se plaignait de douleurs thoraciques. Le mois suivant, elle ne souffrait que de fatigue et enfin, au sixième mois, elle était asymptomatique. À chaque prélèvement, les médecins ont également séquencé le géome du coronavirus. C’est à cette occasion que le SARS-CoV-2 a démontré ses incroyables capacités d’adaptation.
Des mutations à la pelle
En l’espace de six mois, les médecins ont pu suivre l’émergence de plusieurs mutations. La première à faire son apparition est E484K, connue pour déjouer l’activité des anticorps neutralisants, dès le 6e jour après son diagnostic. Cette mutation semble aussi liée aux infections persistantes car elle est restée présente chez la patiente jusqu’à la toute fin de son suivi. Un mois plus tard, les médecins ont mis le doigt sur une seconde mutation ; une délétion à la position Y144, elle aussi persistante. Puis, ont suivi les mutations K417T, F490S, L455F, F456L et N501Y.
En raison de la présence du VIH, la patiente souffrait d’une immunodépression sévère. Au début du suivi, son comptage de lymphocytes TCD4 était très bas, à peine 6 lymphocytes par µL de sang. En conséquence, le nombre de copies du génome du VIH était très haut. C’est seulement au bout de six mois, quand le nombre de lymphocytes est remonté, que l’organisme de la patiente a pu se débarrasser du coronavirus et ralentir la réplication du VIH. Cette étude de cas illustre bien le fait que les patients immunodéprimés fabriquent naturellement beaucoup de virions et donc des mutations.
Source: futura-sciences.com