Poutine promet des céréales gratuites à six pays au sommet Russie-Afrique

Vladimir Poutine a promis, jeudi, au premier jour d’un sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, de livrer gratuitement des céréales à six pays africains, sur fond d’inquiétudes après la fin de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes.

Isolé sur la scène internationale depuis le lancement de son offensive militaire en Ukraine en 2022, le Kremlin peut toujours compter sur le soutien, ou la neutralité, de nombreux pays africains, et ce sommet est vu comme un test diplomatique et politique pour Moscou.

En appel du pied, le président russe a assuré, dans son discours d’ouverture, que Moscou pourra « dans les mois qui viennent » livrer gratuitement jusqu’à 50 000 tonnes de céréales à six pays : le Zimbabwe, la Somalie et l’Érythrée, ainsi que le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso, trois pays s’étant rapprochés de Moscou ces dernières années.

« Notre pays peut remplacer les céréales ukrainiennes sur le plan commercial, mais aussi sur celui [des livraisons humanitaires] à titre gracieux », a-t-il déclaré, en affirmant que la Russie était un producteur « solide et responsable ».

Moscou a refusé de prolonger l’accord céréalier qui permettait à l’Ukraine d’exporter ses produits agricoles via la mer Noire, un texte qui contribuait à stabiliser les prix alimentaires et à écarter les risques de pénurie.

Dans son discours, Vladimir Poutine a justifié sa décision en affirmant que les pays occidentaux faisaient « obstacle » aux livraisons d’engrais et de céréales russes.

Une porte-parole de l’armée ukrainienne, Natalia Goumeniouk, a de son côté accusé Moscou de vouloir « le monopole des céréales » au moment où Kiev manque de défense antiaérienne pour contrer les frappes russes sur ses infrastructures portuaires.

Crise au Niger

Des délégations de 49 pays africains — dont 17 chefs d’État — sont attendues à Saint-Pétersbourg malgré « la pression sans précédent », selon Moscou, des Occidentaux pour dissuader les Africains d’y assister.

C’est moins que lors de la première édition, en 2019, quand 45 chefs d’État ou de gouvernement avaient fait le déplacement et que 54 pays étaient représentés.

L’un des chefs les plus attendus est le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui évoquera avec Vladimir Poutine les mesures destinées à créer « des conditions propices à une voie vers la paix entre la Russie et l’Ukraine ».

Autre actualité : la tentative de coup d’État au Niger. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que cette question sera « activement » abordée alors que la diplomatie russe a réclamé la « libération rapide » du président, Mohamed Bazoum, séquestré par des militaires putschistes affirmant l’avoir renversé.

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger est le troisième pays du Sahel, région minée par l’insécurité, à connaître un coup d’État depuis 2020.

Or, les militaires putschistes qui ont pris le pouvoir à Bamako et à Ouagadougou se sont tournés vers d’autres partenaires, notamment la Russie, au grand dam des Occidentaux.

« Redéfinir les relations »

Ces derniers jours, la Russie a tenté de rassurer sur le sujet, assurant être prête à exporter ses céréales « sans frais » vers les pays dans le besoin.

Pour Moscou et ses partenaires, « il est nécessaire de trouver des terrains d’entente, de s’expliquer […] sur des questions d’actualité, par exemple sur l’accord céréalier », a souligné auprès de l’AFP Vsevolod Sviridov, expert du Centre d’études africaines de la Haute École d’économie de Moscou.

De façon générale, « le cadre dans lequel la Russie et l’Afrique interagissent a profondément changé », observe-t-il. « Donc, évidemment, il faut redéfinir [ces] relations. »

M. Poutine s’est entretenu mercredi avec le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, puis avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, vantant leurs projets communs dans le domaine de l’énergie.

Jeudi, il a offert un hélicoptère au président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, présent au sommet. « Cet oiseau sera bientôt dans nos cieux », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Nick Mangwana.

Ces dernières années, la Russie a cherché à renforcer ses liens avec l’Afrique, notamment par la présence du groupe paramilitaire Wagner, dont la rébellion avortée fin juin laisse planer un doute sur l’avenir de ses opérations sur le continent.

Signe de cet intérêt, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déjà effectué deux tournées sur le continent depuis le début de l’année, s’efforçant de l’attirer dans le camp de Moscou, dressé en rempart contre l’« impérialisme » et le « néocolonialisme » occidental.

ledevoir

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