La moitié des enfants sont exposés à des chaleurs dangereuses en Europe et en Asie centrale alerte l’Unicef. Voici quelques conseils pour repérer si un enfant est en danger.
Près de la moitié des enfants d’Europe et d’Asie centrale – soit 92 millions – sont exposés à une forte vague de chaleur, selon une analyse provenant de 50 pays. Ce chiffre est deux fois plus élevé que la moyenne mondiale (qui s’élève à un enfant sur 4 exposé fréquemment à des canicules). Ce phénomène n’épargne pas la France : 2,3 millions d’enfants (16,8 %) sont concernés, où il y a déjà 4,5 vagues de chaleur par an.
« Dans les années à venir, ces canicules vont être de plus en plus fréquentes. D’ici à 2050, tous les enfants d’Europe et d’Asie Centrale seront exposés à des vagues de chaleur, de plus en plus sévères et longues, avec des conséquences négatives pour leur santé« , prévient auprès de Sciences et Avenir Maria Osbeck, experte et spécialiste du programme « Changement climatique et environnement » de l’UNICEF Europe et Asie centrale.
Comment repérer un enfant en danger ?
Les bébés et les jeunes enfants s’adaptent aux changements de température plus lentement que les adultes, ce qui les rend très vulnérables lors des changements radicaux, comme les canicules. Ils ont en fait une circulation sanguine moins bonne et un débit cardiaque plus faible que les adultes. Tandis qu’il faut environ sept jours aux adultes pour s’adapter à la chaleur, il faut de 10 à 14 jours pour les jeunes enfants.
« Les enfants ont moins tendance à s’hydrater lorsqu’ils se dépensent. Ils produisent aussi plus de chaleur par kilo comparé à un adulte. Ils absorbent aussi plus la chaleur et produisent moins de sueur (qui permet de faire redescendre la température corporelle) », explique Maria Osbeck. Comme les adultes ont un autre ressenti que les petits, il est plus difficile de repérer les situations dangereuses.
Les symptômes à surveiller chez le bébé :
Un enfant grognon ou qui pleure, des éruptions cutanées dans la couche sont des signes à surveiller. Parmi les symptômes graves, on retrouve : les pleurs sans larmes, les vomissements et la diarrhée, moins de couches usagées, une forte irritabilité et un enfoncement des yeux ou du front.
Comment reconnaître les symptômes sévères face à la chaleur ? Cliquez ici pour voir l’image en grand. Et ici pour les recommandations en français de l’UNICEF.
Quels gestes pour protéger les tout-petits ?
Plusieurs mesures simples permettent de protéger les enfants. Ne jamais laisser un enfant dans un espace clos sans ventilation, comme une voiture ou une pièce aux fenêtres fermées. Les enfants ne doivent pas jouer dehors plusieurs heures d’affilée sans surveillance lorsqu’il fait chaud. Il leur faut au moins 30 minutes de repos lorsqu’ils jouent ou font de l’exercice, car ils se déshydratent très vite. La tenue aussi joue un rôle : on privilégie des habits légers.
Pour lutter contre la déshydratation, l’enfant doit boire régulièrement de l’eau à partir de 6 mois. Les femmes qui allaitent doivent aussi s’hydrater plus que d’habitude pour continuer à produire du lait et hydrater les bébés. Il faut régulièrement vérifier si l’enfant a soif, s’il transpire, s’il semble avoir chaud, s’il vomit, si sa bouche est sèche ou pâteuse, s’il a mal à la tête. Si l’enfant a de la fièvre, semble absent, ne répond plus correctement, s’il a la tête qui tourne ou s’il respire rapidement, c’est une situation d’urgence. Il faut appeler les secours et l’amener le plus rapidement possible vers un établissement de santé.
Les enfants sont donc bien moins armés que les adultes pour réguler leur organisme et combattre les symptômes de la chaleur. Un danger qui apparaît même avant la naissance. « Lorsque les femmes enceintes sont soumises à la chaleur, ce stress pour l’organisme peut empêcher le fœtus de synthétiser correctement les protéines, ce qui le rend plus vulnérable à des malformations physiques ou au développement de maladies plus tard dans sa vie« , souligne Maria Osbeck.
La responsabilité des gouvernements
Au delà des mesures individuelles que les adultes peuvent observer pour protéger les plus petits, l’UNICEF rappelle que des changements à grande échelle sont indispensables et appelle les gouvernements à prendre leurs responsabilités. « Les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduits de façon significative pour éviter que le réchauffement climatique ne s’aggrave.
Ensuite, nos gouvernements doivent mettre en place des systèmes d’alerte et être capables de répondre aux situations d’urgence, comme les feux de forêt. Enfin, il faut invertir dans l’éducation et la santé comme adapter les écoles et adapter l’utilisation de l’eau. C’est absolument nécessaire pour protéger nos enfants« , rappelle Maria Osbeck. D’ici à 2050, en France, 89,5% des enfants (13,3 millions) devraient être exposés à des vagues de chaleur de longue durée et 49,5% (7,3 millions) d’entre eux devraient subir des vagues de chaleur très sévères.
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