Est-il possible de brouiller le message de la douleur envoyé au cerveau ?

Est-il possible de stopper un signal de douleur avant qu’il ne parvienne au cerveau ? C’est notre « question de la semaine ».

Est-il possible de contrôler la douleur au cœur même des nerfs ? Autrement dit, est-ce qu’en envoyant un certain type de courant électrique dans les nerfs on peut court-circuiter, modifier le message de la douleur envoyé au cerveau et donc la faire considérablement diminuer ou même disparaître ? Cette question, posée par Jean-Christophe Solomiac sur notre page Facebook, est notre « question de la semaine ».

Brouiller le signal de douleur grâce à la neurostimulation
Tout d’abord, qu’est-ce que la douleur ? Il s’agit d’une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable en lien avec une lésion tissulaire réelle ou potentielle », selon l’International association for the study of pain. « L’organisme, via les fibres qui innervent la totalité de la peau et des organes, envoie un signal électrique au cerveau pour le prévenir qu’une lésion (coupure, brûlure, choc) vient d’avoir lieu ou est imminente », développe le CNRS dans son journal.

Peut-on bloquer ou modifier ce signal électrique ? Ce procédé est possible, et prend le nom de neurostimulation. Une boîte, le neurostimulateur, est implantée sous la peau, dans l’abdomen ou dans le bas du dos. Le neurostimulateur est relié à des électrodes positionnées près de la moelle épinière en fonction des zones de douleur de chaque patient. Son principe : stimuler de manière permanente la moelle épinière par un courant électrique allant du boîtier vers l’électrode afin de « brouiller » le message de douleur qui parvient au cerveau.

Ce traitement repose sur la théorie dite du portillon. Il existe deux types de sensibilité : une pour le toucher, dite proprioceptive, l’autre pour la perception de la chaleur et de la douleur, les deux étant véhiculées par différentes fibres nerveuses. Mais, au niveau de leur entrée dans la moelle épinière, le « portillon » privilégie toujours le passage des premières sur celui des secondes. Tel est le principe de la neurostimulation : envoyer des fourmillements en continu pour diminuer la perception de la douleur. On n’en supprime pas la cause mais on en modifie le ressenti. Le patient possède une télécommande pour adapter les réglages en fonction de ses activités, en augmentant ou diminuant l’intensité de la stimulation.

Eteindre la douleur
Pourra-t-on un jour tout simplement éteindre la douleur ? L’idée est séduisante et paraît plus vraisemblable que jamais grâce à une étude américaine publiée dans Nature Neuroscience en 2020. Au cœur de notre cerveau, dans une zone contrôlant notamment la peur et la réponse au stress nommée l’amygdale, se trouve en effet une région capable de stopper la douleur.

Activés notamment lors d’une anesthésie générale, des neurones situés dans l’amygdale peuvent en effet inhiber les signaux de douleur venant de 16 zones cérébrales différentes, d’après cette étude réalisée sur des souris. Une piste prometteuse pour tous les malades souffrant de douleurs chroniques

AVENIR

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