L’Iran transfère des prisonniers américains en résidence surveillée

Après de discrètes tractations entre Washington et Téhéran, quatre prisonniers – les Irano-Américains Siamak Namazi, Emad Sharqi, Morad Tahbaz, ainsi qu’un autre prisonnier dont le nom n’a pas été divulgué – ont quitté jeudi la prison d’Evin à Téhéran et ont été placés en résidence surveillée. Leur éventuelle libération prochaine pourrait permettre à Téhéran de récupérer des fonds gelés en Corée du Sud.

Cinq Américains détenus en Iran ont été transférés de leur prison pour être placés en résidence surveillée, ont annoncé jeudi 10 août des familles et Washington, première étape d’un accord fragile qui pourrait aboutir au dégel de milliards de dollars pour Téhéran.

Les progrès effectués en vue de la libération de ces détenus – dont l’un est retenu depuis près de huit ans – interviennent après des tractations discrètes et intenses entre Washington et Téhéran, adversaires depuis des décennies.

La prochaine étape d’un accord, selon une source proche des négociations, pourrait être le transfert de 6 milliards de dollars de fonds iraniens gelés en Corée du Sud vers un compte spécial au Qatar. L’Iran pourrait l’utiliser pour des achats humanitaires tels que des denrées alimentaires et des médicaments.

Pas d’allègement des sanctions, selon Blinken
Interrogé sur ce point, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a néanmoins précisé jeudi soir que « l’Iran ne bénécifie(rait) d’aucun allègement des sanctions ». « Les fonds de l’Iran devraient être utilisés et transférés à des comptes restreints afin qu’ils ne puissent servir que dans un but humanitaire », a-t-il assuré.

Si tout se déroule comme prévu, les prisonniers pourraient quitter l’Iran dans le courant du mois de septembre, selon une source proche du dossier. « Je pense que c’est le début de la fin de leur cauchemar et celui de leurs familles », a ajouté Antony Blinken, précisant qu’à sa connaissance, il n’y avait pas d’autres Américains détenus en Iran.

La mission iranienne basée aux Nations unies a pour sa part déclaré à l’agence de presse officielle IRNA que la libération des ressortissants possédant la double nationalité faisait partie d’un accord d’échange de prisonniers entre les États-Unis et l’Iran. « Aux termes de l’accord, cinq Iraniens détenus aux États-Unis seront relâchés et les fonds gelés en Corée du Sud seront débloqués et transférés au Qatar », a rapporté IRNA, citant la mission iranienne à l’ONU.

« Étape encourageante »
Quatre prisonniers – les Irano-Américains Siamak Namazi, Emad Sharqi, Morad Tahbaz, ainsi qu’un autre prisonnier dont le nom n’a pas été divulgué – ont quitté jeudi la prison d’Evin à Téhéran, tristement célèbre pour ses conditions de détention extrêmement difficiles.

Jeudi soir, la mission de l’Iran à l’ONU a confirmé leur sortie de prison. Les quatre ont été escortés vers un hôtel où ils resteront sous la surveillance de forces de l’ordre, selon l’avocat de l’un des prisonniers. Le cas d’un cinquième prisonnier, une Américaine, fait partie des négociations. Elle a déjà rejoint une résidence surveillée il y a quelques semaines.

« Si cela représente bien une étape encourageante, ces citoyens américains (…) n’auraient jamais dû être détenus », a déclaré dans un communiqué Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. « Les négociations pour leur libération finale sont encore en cours et restent délicates ».

« Nous sommes reconnaissants que Siamak et les autres Américains en Iran soient sortis de la prison d’Evin et qu’ils soient assignés à résidence », a déclaré Babak Namazi, frère de Siamak. « Bien que cela représente une évolution positive, nous ne cesserons pas nos efforts tant que Siamak et les autres ne seront pas de retour à la maison », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Tous les Américains détenus sont d’ascendance iranienne. L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité et n’entretient aucune relation diplomatique avec les États-Unis depuis la Révolution islamique de 1979.

Accusations d’espionnage
Selon une source proche, les négociations se sont concentrées sur le dégel des 6 milliards de dollars iraniens en Corée du Sud. Le pays avait bloqué ces fonds, issus de la vente d’hydrocarbures par l’Iran, à la suite de sanctions américaines.

Cet accord, aussi fragile qu’il soit, intervient alors que l’administration de Joe Biden et Téhéran ne parviennent pas à trouver un terrain d’entente pour revenir à l’accord de 2015 sur le nucléaire, dont Donald Trump s’était retiré.

Siamak Namazi, un homme d’affaires, avait été arrêté en octobre 2015, accusé d’espionnage sur la base de preuves qualifiées de ridicules par sa famille. Morad Tahbaz, un Américano-Iranien qui possède également la nationalité britannique, avait lui été arrêté en janvier 2018 et condamné à dix ans de prison pour « conspiration avec l’Amérique ». Emad Sharqi, un investisseur américano-iranien, avait été condamné en 2020 à dix ans de prison pour espionnage.

Reuters

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