Le rapport rendu par le BRGM (bureau de recherches géologiques et minières) fait le point sur la situation des nappes phréatiques en France métropolitaine le 1er août 2023. Bilan : le niveau global est très bas et pourrait avoir du mal à remonter.
C’est de pire en pire… Depuis des années déjà, le niveau d’eau des nappes phréatiques est inquiétant et à tendance à se détériorer en France métropolitaine. 2023 ne fait pas exception selon le dernier rapport du BRGM.
Précision d’abord qu’il y a deux périodes distinctes à l’année pour les réserves d’eau : la recharge (entre octobre et avril) et la vidange. Lors de la recharge, le climat plus froid et les intempéries plus régulières permettent au nappes de se remplir, puis, elles se vident petit à petit pendant la période estivale en alimentant notamment les cours d’eaux. La période de recharge d’octobre à avril dernier a été peu intense et courte. Celle de vidange par contre, a un fort impact.
Un bilan alarmant pour les nappes phréatiques
Même si les précipitations ont été importantes en juillet, particulièrement sur la partie nord du territoire, celles-ci n’ont pas, ou du moins pas encore, eu d’impact sur le niveau des nappes phréatiques. Les orages violents ne favorisent pas l’absorption par les sols et la végétation est très active car en manque récurrent capte l’eau qui ne peut pas trouver son chemin jusqu’aux nappes. « Seules 3% des nappes ont un niveau en hausse, 8% sont stables et 89% sont en baisse », explique Violaine Bault, hydrogéologue pour le BRGM.
Il y a une autre raison à ces niveaux très bas. L’étiage, c’est-à-dire le moment ou les réserves d’eau sont à leur minimum, se produit de plus en plus tard ces dernières années (octobre en général, novembre récemment). Cela signifie que la vidange s’allonge, la recharge diminue, et les nappes peuvent de moins en moins assister les cours d’eaux, également souffrants.
Les pluies printanières ont eu un effet positif sur les nappes dites « réactives ». L’eau de pluie s’infiltre rapidement dans le sable ou le calcaire de ces nappes, pouvant les remplir en quelques jours ou semaines. Cela a surtout été le cas le long de la Manche et en Bretagne. Cependant elles peuvent également se vider rapidement et les prévisions pour août penchent vers cette hypothèse. La situation est similaire à l’an dernier : 72% de niveau bas et 20% très bas (19% l’an dernier).
Enfin les nappes « inertielles » dont la variance est très faible car l’accès pour l’eau de pluie y est très compliqué (elle peut prendre parfois plusieurs mois), sont les zones les plus atteintes par la situation actuelle. Elles concernent particulièrement le bassin parisien, le couloir du Rhône et de la Saône et le sud de l’Alsace et des minima historiques y ont été enregistrés.
La menace des biseaux salés
En régions côtières les nappes phréatiques et l’eau salée des océans peuvent se rencontrer. Une zone d’eau intermédiaire dite « saumâtre » se forme alors, les biseaux. Il se forme un équilibre entre l’eau salée, plus dense, qui se place dans le fond de la nappe, et l’eau douce, au-dessus, qui par pression empêche l’eau salée de trop remonter. Mais cette « frontière » est perméable et les biseaux trouvent leurs chemins vers les terres : « On observe récemment une entrée en eau salée plus importante, provoquée par la hausse globale du niveau des océans et la baisse globale du niveau des nappes phréatiques », indique Violaine Bault.
Les interventions humaines peuvent également avoir une influence. Des forages mal réalisés ou des pompages excessifs attirent l’eau salée, dont le dessalement est très compliquée.
L’arrêt total de prélèvements dans ces zones côtières pourrait permettre d’éviter les biseaux. Des barrages, qu’ils soient mécaniques, hydrauliques ou biologiques, peuvent aussi endiguer la progression des eaux salées.
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