L’IA peut imiter les plus grand chanteur pour leur faire interpréter le générique de Code Lyoko. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?
Johnny Hallyday qui chante le générique de Pokémon, Kaaris qui s’époumone sur la publicité Miel Pops ou Freddy Mercury qui reprend My Heart will go on… Sur TikTok, les reprises de chansons via l’intelligence artificielle sont partout depuis quelques semaines. Après que le duo imaginaire entre le rappeur américain Drake et le chanteur The Weeknd se soit vu propulsé en tête des écoutes en avril dernier, la tendance de l’IA cover a fait le tour des réseaux sociaux.
Aujourd’hui, elle cumule plusieurs millions de vues. Derrière la prouesse technique et l’absurdité de certaines reprises, le phénomène qui consiste à plaquer la voix d’un artiste réel sur une autre musique est pourtant loin d’être aussi anodin qu’il y paraît.
Peut-on faire chanter n’importe quoi à n’importe qui ?
Si le single Heart on My Sleeve se voulait résolument premier degré, les vidéos publiées par dizaines sur TikTok le sont moins. Quand la voix de Titeuf (Donald Reignoux) interprète une chanson Disney, ou que Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron se lancent dans une reprise de La Reine des Neiges, c’est avant tout pour amuser la galerie, et faire des vues. La recette fonctionne évidemment. Mais ces IA covers posent de nombreuses questions, non seulement sur le plan juridique, mais plus généralement sur l’industrie de la musique.
Pour créer ces IA covers, il suffit de créer un modèle que l’on vient ensuite entraîner avec des extraits de voix réels. Quelques dizaines de secondes suffisent, mais plus le modèle est entraîné, plus il a de chance d’être convaincant dans son imitation. Calquer la voix de Johnny Hallyday, Kaaris ou Franck Sinatra par exemple sera beaucoup plus efficace que de vouloir reproduire celle d’un proche dont vous ne possédez qu’un court extrait vocal.
Légalement, l’auteur d’une chanson possède des droits sur sa voix ainsi que sur les pistes musicales qu’il a créées. Pour la partie musicale, la loi s’applique peu importe la cover. IA ou pas, il faut l’autorisation du propriétaire de la piste musical. Concernant la voix, les choses sont un peu plus compliquées. Le droit à la voix est applicable au même titre que le droit à l’image, mais il prend fin au décès de l’interprète. Reste que les enregistrements et autres captations de concert sont toujours soumises au droit d’auteur. Théoriquement, ils n’ont donc pas le droit d’entraîner les modèles d’IA.
Le droit va devoir trancher
Si la technologie autour de l’IA a bondi ces derniers mois, de plus en plus de professionnels s’inquiètent de l’impact qu’elle pourrait avoir dans leur secteur. Chez les journalistes, l’arrivée du projet Genesis de Google fait déjà des émules. En commercialisant un outil capable d’écrire des articles de presse à la place des humains, le géant du web frappe fort. C’est la même chose du côté de l’industrie musicale.
Face au duo de Drake et The Weeknd, Universal est rapidement parvenue à faire retirer le morceau de Spotify et des autres plates-formes musicales. Le label a toutefois signé un partenariat avec la plateforme de musique générée par IA Endel pour publier des albums de relaxation. Chez Apple Records, les Beatles ont annoncé la sortie d’un dernier titre, réalisé en partie grâce à l’intelligence artificielle. Reste à voir comment évoluera le marché face à l’émergence de ces nouveaux outils.
Le Monde