Personne ne bat Gaël Monfils 19 fois de suite. L’ex-numéro 1 tricolore serait bien inspiré de détourner ainsi dans sa tête la citation de Vitas Gerulaitis au moment d’entrer sur le court dans la nuit de jeudi à vendredi. Car pour ce 8e de finale à Cincinnati, sous les projecteurs de la « night session », il a rendez-vous avec sa bête noire ultime : Novak Djokovic. En 18 duels, il a donc toujours perdu, difficile dans ces conditions de ne pas partir battu d’avance.
Mais La Monf’ n’est pas du genre à broyer du noir, surtout alors qu’il retrouve un niveau dont il n’osait sûrement pas rêver ces derniers mois. Nous non plus, il faut l’avouer. Et même Novak Djokovic qui n’a pas caché son enthousiasme à l’idée de l’affronter à nouveau. « Gaël est un type fantastique.
Quelqu’un que je respecte sincèrement et que j’apprécie beaucoup en tant que personne. Il apporte tant de joie et de divertissement aux fans. C’est l’un des joueurs les plus charismatiques sur le circuit des deux dernières décennies« , a ainsi déclaré le Serbe après sa victoire sur abandon au 2e tour.
Des fulgurances, du sérieux et un autre Top 15 battu : Monfils ne s’arrête plus
J’IMAGINE QUE ÇA VA ÊTRE UN DUEL DE VÉTÉRANS
Et d’ajouter tout sourire : « C’est super de le voir de retour après avoir eu des difficultés pendant plusieurs années à cause des blessures. Il joue toujours aussi bien et il a un an de plus que moi. Tout le monde parle de mon âge, mais que dire de lui ! Ce qu’il fait, c’est fantastique. Donc ça va être un duel de vétérans demain (dans la nuit de jeudi à vendredi, NDLR), j’imagine. » Plaisanterie mise à part, les vieux ont plutôt fière allure dans l’Ohio, en particulier Monfils (bientôt 37 ans) qui vient d’enregistrer sa 7e victoire en un peu plus de deux semaines.
Quand on sait qu’il n’avait gagné qu’un match en 2023 au 1er tour de Roland-Garros avant ce mois d’août, le retour de flamme n’en est que plus remarquable. Et le bilan statistique ne s’arrête pas là. Parmi ces sept succès, cinq l’ont été contre des membres du Top 30 et il reste sur deux matches gagnés contre des Top 20 – Cameron Norrie et Alex de Minaur (finaliste à Toronto la semaine dernière qui plus est) –, ce qu’il n’avait plus réalisé en tournoi depuis 2016 à Toronto.
A l’époque, il disputait la meilleure saison de sa carrière finie dans le Top 10. Pas mal pour celui qui pointe actuellement à la 211e place mondiale, bien qu’en pleine remontée (virtuellement 160e alors qu’il était 323e au début du mois).
Après une pause d’un mois dans la foulée de sa finale épique perdue à Wimbledon, Djokovic est lui logiquement encore en rodage, notamment au service (41 % de premières lors de sa reprise écourtée face à Davidovich Fokina). « Bien sûr, c’est super pour moi d’être capable de revenir et de gagner. L’impression est mitigée vu la manière dont ça s’est terminé. Néanmoins, j’espère que je vais pouvoir monter en puissance jour après jouer et progresser pendant le tournoi en élevant mon niveau de jeu« , a ainsi estimé le Serbe.
UNE BELLE OPPORTUNITÉ… SI LE PHYSIQUE EST AU RENDEZ-VOUS
Est-ce à dire qu’il s’agit d’une belle opportunité pour Monfils de faire ce qu’il n’a jamais su faire auparavant ? En tout cas, il dispose de la confiance nécessaire pour bousculer le numéro 2 mondial. Car s’il n’a jamais gagné contre Djokovic, il est parfois passé tout près, comme lors de leur avant-dernier duel en demi-finale à Dubaï voici un peu plus de trois ans.
A l’époque, le Français, qui restait sur deux titres, avait obtenu trois balles de match dans le tie-break du deuxième set avant de finalement céder 2-6, 7-6(8), 6-1 après plus de deux heures et demie.
A Monfils les regrets : ses 3 balles de match vendangées contre Djokovic
Pour faire quelque chose dans le même goût, une condition sine qua non est requise : pouvoir s’exprimer à 100 % sur le plan physique. Après l’alerte au genou gauche contre Cameron Norrie, Monfils a rassuré face à Alex de Minaur mais le risque est toujours présent. « La chaussette le cache, mais toute la jambe est prise. Beaucoup d’anti-inflammatoires, beaucoup de soins, de l’acuponcture, de la compression, tout le bordel…
Tout pour bien jouer et masquer la douleur, car ça ne soigne pas. J’ai l’impression que j’ai un garrot sur la jambe, c’est peut-être pour ça que je ne sens rien. Pour se soigner, il faut se reposer« , a-t-il confié à nos confrères de L’Equipe.
Le temps du repos, justement, arrivera la semaine prochaine. Histoire de débarquer frais à l’US Open où il aura un coup à jouer si le tirage au sort ne lui est pas trop défavorable. En attendant, ce rendez-vous face à Djokovic se présente comme une superbe occasion de se mesurer à nouveau à ce qui se fait de mieux. Un beau cadeau – même s’il peut être empoisonné – qui récompense un retour aux affaires aussi foudroyant qu’enthousiasmant.
eurosport
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