Les chefs d’état-major de la Cédéao évoquent «une mission de soutien à la stabilisation» au Niger

Les chefs d’état-major de la Cédéao sont au Ghana pour deux jours pour discuter de l’éventualité d’une intervention militaire au Niger et des questions logistiques et stratégiques qu’elle comporterait. Que faut-il retenir de cette première journée ?

C’est la deuxième fois que les chefs d’état-major se réunissent pour parler d’une éventuelle intervention au Niger. Cette fois, c’est dix jours après que la conférence des chefs d’État de la Cédéao a donné son feu vert pour une opération militaire en vue de restaurer l’ordre constitutionnel.

Premier constat à l’ouverture de ce sommet, les absences remarquées des chefs d’état-major du Cap-Vert, et de la Guinée-Bissau, qui ont décliné l’invitation en raison de leur opposition à l’idée de l’emploi de la force. Ces absences s’ajoutent à celles plus attendues des chefs d’état-major du Niger, du Burkina, de la Guinée et du Mali. Quatre pays où les militaires ont pris le pouvoir par la force ces trois dernières années.

Quant à l’ouverture de ce sommet elle-même, elle était plutôt inhabituelle. Elle a duré une heure, pendant laquelle les différents interlocuteurs n’ont cessé d’appeler les États membres à la réussite de cette opération. Tout est déjà prêt, nous a dit un haut-représentant de la Cédéao, le but de ce sommet, c’est de choisir la date de l’intervention…

« Nous connaissons le risque »
Car l’opération militaire, à écouter le chef d’état-major du Ghana, est désormais décidée. Il affirme par exemple que les États membres vont mettre en place « une mission de soutien à la stabilisation ». « Nous allons accomplir notre tâche dans un chronogramme raisonnable », a-t-il ajouté.

Dans la même veine, le commissaire chargé des affaires publiques de la Cédéao, Abdel Fatau Musah, a déclaré que « les vaillantes forces de l’Afrique de l’Ouest sont prêtes à répondre à l’appel du devoir » contre « l’inflexibilité des militaires au pouvoir ». Il explique que la force en attente a déjà assez d’hommes pour une opération, qu’elle possède des ressources propres, que le soutien financier des pays occidentaux n’est pas obligatoire, même si cette « aide serait bienvenue ».

Abdel Fatau Musah a affronté les questions de la presse, et a défendu l’opération militaire sur le plan juridique et opérationnel. « Nous connaissons notre concept d’opération, nous connaissons le risque. Nous connaissons les opportunités et nous mettons tout cela dans la phase de planification. La planification est virtuellement terminée. Pour l’instant, cette réunion porte sur les engagements et sur le moment où nous commencerons à marcher vers le pays. »

Concernant une possible confrontation avec le Mali et le Burkina, Abdel Fatau Musah répond que ces pays ne contrôlent pas leur frontières avec le Niger, où opèrent l’État islamique et le Jnim. « Si j’étais eux, je me concentrerai sur les défis sécuritaires à l’intérieur » de leur propre territoire, a-t-il prévenu.

« Pas un chemin facile »
Enfin, l’ouverture de ce sommet a également consisté en une longue pédagogie pour répondre à toutes les critiques sur ces choix de la Cédéao, jugés belliqueux et très risqués.

Les intervenants ont rappelé le passé politico-militaire de la force en attente, qui selon eux s’est toujours soldé par des succès, et a toujours obtenu le soutien de la communauté internationale. Le chef d’état-major du Nigeria le concède : « notre chemin n’est pas un chemin facile ». « Personne ne veut entrer en guerre » dit aussi le ministre de la Défense ghanéen qui ajoute : « mais vous êtes aujourd’hui face à l’Histoire », si cette junte reste au pouvoir, « plus personne en Afrique de l’Ouest n’est en sécurité ». Il demande à plusieurs reprises des moyens aux États membres, moyens financiers, moyens humains. Et il conclut : « vous devez permettre à nos peuples de pouvoir continuer à choisir leur leader. »

RFI

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