Un rapport de la gouvernance de Dakar a répertorié 3.546 cas d’occupation de voies naturelles de drainage des eaux et de zones humides, dont des lacs et des emprises d’ouvrages d’assainissement d’eaux pluviales, a-t-on appris jeudi du ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam.
‘’Je voudrais indiquer que cette opération a fait ressortir 3.546 cas d’occupation de voies naturelles de drainage des eaux et de zones humides, dont des lacs et des emprises d’ouvrages d’assainissement d’eaux pluviales’’, a-t-il dit en parlant de ce rapport.
Le document a été élaboré par un comité chargé du recensement des cas d’occupation des voies naturelles, de drainage des eaux pluviales et des zones basses à Dakar, à l’initiative de la gouvernance et du ministère de l’Eau et de l’Assainissement.
Le but de cette étude est d’examiner ‘’la nature juridique exacte des titres d’occupation ciblés et de définir les modalités de retrait, en cas de nécessité, ou de suggérer des actions alternatives’’.
Les auteurs du rapport ont dénombré – sur 3.546 occupations relatives à des zones inondables ou voies naturelles – 1.349 bâtiments déjà construits, 905 bâtiments en cours de construction, 1.234 parcelles à usage d’habitation, 56 champs et d’autres types d’occupation, selon Serigne Mbaye Thiam.
Il présidait un atelier de présentation du rapport, en présence du gouverneur de Dakar, Al Hassan Sall, de plusieurs autorités administratives et locales, et du directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal, Mamour Diallo.
Serigne Mbaye Thiam estime que ‘’les résultats issus de ce recensement renseignent suffisamment sur l’ampleur des dégâts dans la région de Dakar’’.
L’étude montre toute la nécessité de ‘’poursuivre les efforts de restructuration urbaine et d’aménagement des zones d’inondation, mais surtout de veiller à la libération, le cas échéant, à la restauration et à la préservation des voies et exutoires naturels des eaux pluviales’’, a souligné M. Thiam.
Des recommandations faites aux autorités
Le rapport du comité régional chargé du recensement des cas d’occupation de voies naturelles de drainage d’eaux pluviales et de zones basses a aussi fait des recommandations aux autorités, pour qu’elles puissent mieux structurer la lutte contre les inondations.
Les auteurs du rapport ont notamment proposé ‘’une poursuite des efforts de restructuration urbaine et d’aménagement des zones d’inondation’’. Ils ont demandé en même temps aux autorités concernées de ‘’veiller à la libération, à la restauration et à la préservation des zones basses et des voies et exutoires naturels des eaux pluviales’’.
Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, réagissant aux recommandations faites, affirme qu’il s’agira de ‘’concrètement déclarer non aedificandi les voies de drainage des eaux pluviales et les zones humides’’.
Les autorités sont également appelées à ‘’prendre les mesures de sauvegarde pour empêcher toute occupation’’ et à ‘’mettre en place des commissions départementales d’évaluation des impenses, afin de déterminer la valeur des titres d’occupation impactés et les modalités de retrait desdits titres en cas de nécessité’’, a dit Serigne Mbaye Thiam.
Revenant sur ce point précis, il estime qu’il s’agira de libérer les exutoires naturels occupés (mares, lacs, bassins, etc.), pour un drainage correct des eaux de ruissellement, et de profiler le lit des plans d’eau et des ouvrages de drainage, dont le canal de Ouakam et le canal du lac Thiourour, pour permettre à l’eau de s’évacuer normalement.
Le rapport souligne aussi ‘’l’importance de doter les collectivités territoriales de documents de planification spatiale, notamment de plans et schémas directeurs d’aménagement et d’urbanisme opposables au tiers, et de veiller au strict respect des plans d’aménagement et d’urbanisme dans les opérations de lotissement des communes, afin de prévenir les risques d’inondation’’.
Les auteurs du rapport considèrent par ailleurs qu’il faut davantage ‘’impliquer les autorités administratives déconcentrées et territoriales dans les travaux de la commission de contrôle des opérations domaniales et de la commission chargée de l’instruction des demandes d’autorisation de lotissement’’.
De même proposent-ils de ‘’mettre en place un observatoire de veille sur les zones inondables et les voies naturelles de drainage des eaux pluviales’’.
Le rapport note aussi la nécessité de ‘’préserver et de sécuriser les zones libérées’’. Ses auteurs recommandent aux maires d’assurer la sécurisation des bassins de rétention des eaux pour éviter les cas de noyade.
aps