La capture de dioxyde de carbone atténue-t-elle réellement les impacts du changement climatique ? Une étude de l’Université de Virginie souligne les limites potentielles de cette pratique. Les régions subissant de fortes chaleurs et sécheresses pourraient ne pas en bénéficier…
Dans le contexte actuel de réchauffement climatique, le monde assiste à une expansion des zones de sécheresse subtropicale. Cela s’explique en grande partie par les modifications subies par le phénomène atmosphérique dit la « Cellule de Hadley » : l’air chaud monte à l’équateur et redescend dans les régions subtropicales. Or, cette circulation a progressé vers les pôles, ce qui augmente la fréquence des sécheresses.
L’expansion de la sécheresse subtropicale ne serait pas freinée par la capture du CO2
L’équipe de chercheurs de l’Université de Virginie a utilisé un modèle informatique pour étudier les effets d’une multiplication par quatre du CO2 sur la Cellule de Hadley. Suite à cette augmentation, le CO2 a été « retiré » du modèle pour observer les résultats. Contre toute attente, la cellule et n’a pas retrouvé son état initial.
« En d’autres termes », explique Kevin Grise, professeur associé au département des sciences de l’environnement à l’Université de Virginie, « si le changement climatique entraîne une modification des conditions météorologiques qui favorise la sécheresse dans une certaine région, l’élimination du CO2 ne rétablira pas nécessairement les conditions de précipitations normales dans cette région ».
L’étude n’a pas examiné toutes les régions subtropicales, mais souligne que certaines zones déjà touchées par la chaleur extrême, la sécheresse et les risques d’incendies pourraient ne pas voir leur situation s’améliorer avec la capture du CO2. Parmi ces régions figurent le sud-ouest des États-Unis, le nord du Mexique et la région de la mer Méditerranée.
Cette étude remet en question le principe généralement admis que les technologies de capture du CO2 pourraient offrir des solutions pour décarboner les industries qui rencontrent des difficultés pour réduire leurs émissions. Actuellement, moins d’une vingtaine de systèmes de ce type sont actuellement en fonctionnement dans le monde.
Le coût élevé de ces technologies expliquent le faible nombre d’expériences, qui nécessitent des opérations à haute température, sous pression, et qui consomment des produits chimiques devant être constamment régénérés. Mais visiblement, même en mettant tout en œuvre pour capturer le CO2 (au niveau des usines ou tout simplement dans l’atmosphère), cela ne suffira pas…
Les conclusions de l’étude donnent donc matière à réflexion sur l’efficacité réelle des mesures de capture de CO2. Alors qu’il devient de plus en plus difficile d’imaginer comment maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C uniquement en limitant nos émissions de gaz à effet de serre, ces nouvelles découvertes mettent en lumière la nécessité d’autres actions pour contrer les effets du changement climatique.
Futura Sciences