La communauté des utilisateurs de Twitter intéressés par les questions environnementales a fondu de moitié depuis l’acquisition du réseau social (devenu X) par Elon Musk l’an dernier. Cette hémorragie va avoir un impact sur la recherche scientifique et l’action climatique.
Pour les chercheurs et les militants environnementaux, Twitter était un outil très important de communication, de discussion et de partage du savoir. Une étude réalisée par Charlotte Chang et son équipe du Pomona College, en Californie, explique qu’il existait une « communauté dynamique s’engageant dans le discours autour des sujets environnementaux ». Elle révèle que cette communauté, autrefois florissante, s’est considérablement réduite depuis l’achat du réseau social par Elon Musk.
Une communauté exposée dans plusieurs réseaux sociaux
L’analyse de l’activité de Twitter entre juillet 2019 et avril 2023 a identifié 380.000 utilisateurs discutant fréquemment du changement climatique et de la conservation de la biodiversité, autrement dit le « Twitter environnemental ». À partir d’avril, seuls 52,5 % de ces utilisateurs étaient encore actifs, ce qui était défini par au moins un post tous les 15 jours.
Comparé à un groupe de contrôle plus large impliqué dans les discussions politiques sur Twitter, seulement 20,6 % de ces utilisateurs sont devenus inactifs au cours de la même période.
L’un des changements les plus notables de la plateforme depuis l’acquisition de Musk est l’accueil de personnes auparavant bannies pour avoir diffusé des contenus nuisibles, y compris des mensonges sur le changement climatique. La désinformation climatique est devenue plus répandue sur la plateforme, avec une utilisation accrue de hashtags contestant la réalité de la crise environnementale.
L’étude cite un exemple parmi d’autres, celui de Peter Gleick, un scientifique du climat avec 98.400 abonnés sur X, qui a exprimé son mécontentement en déclarant: « Je ne peux plus rester actif ici » et a annoncé son passage à d’autres plateformes. De plus, la nouvelle tarification de l’API de Twitter a rendu très compliqué l’accès aux données de la plateforme, compromettant ainsi la recherche académique. À moins de payer une petite fortune pour y accéder…
Une autre enquête publiée par Nature confirme ces tendances, avec environ la moitié des 9.200 scientifiques interrogés ayant réduit leur temps passé sur X, et 46 % ayant rejoint d’autres plateformes sociales, Mastodon en tête. Ce qu’il ressort de ces enquêtes, c’est que le milieu de la science n’apprécie guère la nouvelle politique d’Elon Musk sur X, qui permet à des voix extrémistes et complotistes de nier les réalités sur l’environnement.
Le système mis en place favorise encore plus les propos les plus abusifs ou mensongers afin de générer un engagement maximal. En matière de science, ce n’est pas celui qui parle le plus fort ou qui a le plus gros mégaphone qui a raison.
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