La candidate de gauche Luisa Gonzalez, dauphine de l’ex-président Rafael Correa en exil, est sortie vainqueur du premier tour de la présidentielle en Équateur dimanche 20 août avec 33% des voix. Elle affrontera au second tour le 15 octobre prochain Daniel Noboa, candidat de droite et challenger inattendu de cette présidentielle anticipée et ayant récolté 24% des voix.
Luisa Gonzalez cumule 33% des voix, et Daniel Noboa arrive en deuxième position avec 24%, selon des résultats du Conseil national électoral (CNE) portant sur 83% des bulletins dépouillés. « Ces résultats donnent déjà le ton pour que les Équatoriens se rendent à un second tour de scrutin le 15 octobre », a déclaré la présidente du CNE, qui a félicité « l’attitude démocratique des candidats ».
Avant Luisa Gonzalez, aucune femme n’avait disputé de ballotage présidentiel en Équateur rapporte notre correspondant à Quito, Éric Samson. Pour la candidate soutenue par l’ancien président de gauche Rafael Correa, c’est historique en soi: « C’est la première fois dans l’histoire de l’Équateur qu’une femme obtient un pourcentage de voix aussi élevé au premier tour d’une élection présidentielle. »
Esta victoria es de todas y todos los ecuatorianos, especialmente, de las mujeres de mi Patria. ✊🏼🇪🇨
¡Vamos a mantener la fe y la esperanza en alto, porque se viene el triunfo definitivo! #ResurgirDeLaPatria pic.twitter.com/744ogc6Hu5— Luisa González (@LuisaGonzalezEc) August 21, 2023
Luisa Gonzalez a maintenu le socle électoral historique des partisans de la Révolution citoyenne de Correa – environ un tiers des suffrages – mais son défi est désormais de mobiliser au-delà de son propre camp alors que l’image de l’ancien président Correa reste polémique dans le pays.
La surprise Noboa
Crédité de 5% des suffrages il y a quelques semaines, Daniel Noboa a quant à lui la possibilité de réussir là où son milliardaire de père Alvaro Noboa a échoué cinq fois: remporter la présidence de la République. Les électeurs ont apparemment apprécié qu’il ne soit pas en permanence dans la négativité et la confrontation, même s’il n’est pas pressé de négocier une coalition.
« Je ne veux pas de négociations qui vont me lier les mains, même pour obtenir une majorité. On peut avoir des conversations politiques, mais rien qui ressemble à des compromis. Les gens pourront voter pour le corréisme ou contre avec une option qui s’appelle Daniel Noboa. »
Le journaliste Christian Zurita, qui a remplacé au pied levé le candidat centriste assassiné la semaine dernière Fernando Villavicencio, est en troisième position avec 16%. Jan Topic, un ancien de la Légion étrangère française au discours musclé contre les groupes criminels, arrive quatrième avec 14%, suivi de l’ex-vice président Otto Sonnenholzner avec 7% des votes et du candidat indigène Yaku Perez avec 3,8% des votes.
Le scrutin se déroulait onze jours après la mort à Quito, sous les balles d’un commando de tueurs à gages colombiens, du candidat centriste Fernando Villavicencio, un ex-journaliste de 59 ans et l’un des favoris du scrutin.
Une mobilisation « massive »
Dans un pays contaminé ces dernières années par la violence, le trafic de drogue et en pleine crise institutionnelle, privant le pays de Congrès depuis trois mois, 82% des 13,4 millions électeurs se sont rendus aux urnes. Le CNE a salué une mobilisation « massive » et un scrutin sans incident, juste marqué par des « difficultés » rapidement surmontées pour le vote par internet depuis l’étranger. Les Équatoriens votaient pour élire leur président, leur vice-président et les 137 députés du Congrès monocaméral.
Ce dimanche, les Équatoriens se prononçaient aussi par référendum sur la poursuite ou non de l’exploitation pétrolière dans la forêt amazonienne de Yasuni (Nord-Est), terre indigène et réserve unique de biodiversité.
Une consultation « historique » aux yeux des défenseurs de l’environnement et du climat, alors que le pétrole amazonien est le premier produit d’exportation du pays et source de financement majeur de l’État. Toujours selon les premières tendances dimanche soir, 58% des électeurs se prononçaient en faveur de la suspension de la production.
Le deuxième tour de la présidentielle est prévu le 15 octobre pour un mandat d’un an et demi jusqu’en mai 2025
AFP