Libye: l’utilisation du port stratégique d’al-Khoms par la Turquie crée des tensions

En Libye, l’utilisation par la Turquie d’un port stratégique du nord-ouest du pays fait polémique. Des vidéos de deux frégates hissant le drapeau turc et faisant leur entrée à al-Khoms pour s’y amarrer ont fait le tour des réseaux sociaux. Pourtant, le gouvernement d’unité nationale libyen a démenti avoir cédé les droits sur cet important port civil. Explications.

Le gouvernement d’unité nationale libyen, basé à Tripoli et dirigé par Abdelhamid Dbeibah, a démenti en fin de semaine dernière avoir cédé les droits sur un important port civil ou autorisé son utilisation comme base militaire par la Turquie.

Des sources sécuritaires turques et libyennes ont pourtant révélé que le gouvernement intérimaire libyen a cédé ce port à Ankara pour 99 ans.

Et le démenti du gouvernement Dbeibah a vite été désapprouvé par les faits. Les photos et les vidéos de deux frégates hissant le drapeau turc et faisant leur entrée dans le port d’al-Khoms pour s’y amarrer ont fait le tour des réseaux sociaux.

Des protestataires dénoncent « cette nouvelle occupation » et surtout l’attitude d’un gouvernement « qui nous a menti », affirment-ils.

Si l’on en croit le journal libyen en ligne al-Marsad, des centaines de soldats sont à bord de ces navires militaires. Ils sont partis d’une base située au sud de la Turquie. Quant à la presse turque, elle affirme depuis début août l’existence d’un accord qui lui permet d’investir le port en tant que base militaire pour « défendre les eaux territoriales turques ».

Des manifestations sur place
En effet, il y a près de trois semaines, le gouvernement Dbeibah a adressé une lettre aux autorités du port al-Khoms demandant à ce que celui-ci soit vidé des bateaux commerciaux et des bateaux de pêche pour y mener un projet de développement.

Déloger les travailleurs du port a suscité une vague de colère. Des centaines de familles y travaillent. La colère a doublé avec les informations venant du côté turc et affirmant qu’une base militaire allait s’y installer. Plusieurs manifestations ont alors eu lieu.

Un groupe armé d’al-Khoms nommé Mokawama a annoncé vouloir se défende face à « l’occupation turque ». Hier, un autre groupe armé, en évoquant toute la côte de l’ouest libyen, a considéré qu’Ankara « a dépassé les bornes ». Il a appelé les Libyens à se soulever et a brandi des menaces contre la présence militaire turque.

Ankara possède officiellement aujourd’hui trois bases militaires en Libye : la base aérienne d’al-Witya, située au sud-ouest de la capitale ; Sidi Bilal, un port près de Tripoli ; et actuellement le port d’al-Khoms.

Deux accords économiques et militaires ont été signés entre Ankara et Tripoli en 2019 avec le gouvernement du précédent Premier ministre Fayez el-Sarraj. Ils ont été revus et corrigés en 2022 avec le gouvernement Dbeibah, qui a accordé à Ankara le droit d’explorer le gaz en Méditerranée.

rfi

You may like